Le club de N2 s’est qualifié en demi-finale de Coupe de France après sa victoire sur un Toulouse diminué.
Dans leurs heures d’après, rien ne change: « on est encore tous choqués! On y croit toujours pas que nous allons jouer une demi-finale de Coupe de France. Je ne sais pas quand on y croira, mais là, ce matin, impossible de penser qu’on est dans le dernier carré! » résume, toujours posé et calme Fatsah Amghar, l’entraîneur heureux du petit poucet 2021 de cette drôle de Coupe de France au cœur d’une drôle d’année covidée: « mais au final, pour nous, elle aura eu la même durée que les autres, constate le boss sportif du GFA Rumilly-Vallières. Nous avons débuté l’entraînement fin juin et nous finirons la saison en mai (la demi-finale est programmée le 11 mai, la finale le 29). A part, la coupure de novembre, nous aurons au final vécu une « vraie » saison. »
« C’est stratosphérique, surenchérit François Baudet, l’un des quatre présidents joint par RMC Sport. Jamais de ma vie de dirigeant, je pensais vivre cela. Déjà de battre Annecy, le voisin de National – en 16e au TAB le 6 mars dernier – c’était notre graal. Là, je ne vous explique pas: y a quoi après le graal? » Il ne trouve pas les mots. Et pas seulement parce que « l’After » s’est étiré un peu, mais pas trop tard: « Nous avions vu avec la mairie de Vallières pour au cas où, nous retrouver au club house du club, détaille le dirigeant. Nous avions élaboré un protocole en ouvrant grand les fenêtres, en gardant tous les masques et en nous partageant, avec moult précautions, un gâteau amené par un dirigeant, par ailleurs traiteur. Il était aux couleurs du club, le bleu. C’était chouette. »
Rumilly © Icon Sport
Quand il revient, pour RMC Sport, ce mercredi matin sur ces heures d’après, l’entraîneur haut-savoyard retrouve ses mots de la veille, de la causerie à la conférence de presse ou même dans les mini-bus qui ont ramené le groupe au stade de Vallières, à une vingtaine de minutes d’Annecy et de son parc des sports où il y a huit ans, une autre équipe du 74 (ETG) avait écrit l’histoire de l’épreuve: éliminer le PSG sur la route de sa finale de 2013 (défaite face à Bordeaux). Et parmi ses mots, il y en a un : PRIVILEGE! « Quelle ampleur tout cela prend, explique-t-il encore. Tout ce qui se passe autour, sur les réseaux, avec vous les journalistes. Dommage qu’il n’y ait pas les supporters avec nous. Et on savoure d’autant plus que, et cela on le mesure, nous avons le privilège de pouvoir jouer trois semaines de plus, d’avoir un but, un objectif. Imaginez, nous les « vrais amateurs », nous pouvons être sur un terrain, jouer au ballon. Vous imaginez, nous sommes les seuls en France à pouvoir le faire! »
Pensionnaires de National 2, leur saison s’est arrêté le 24 octobre à Marignane sur une défaite lors de la 9e journée. Il y a bien eu un match en retard disputé le 27 février face à la réserve de l’OM (0-0). Mais pour le reste, c’est Mme Coupe qui a occupé les esprits, avec parcimonie: aucun match en janvier, l’adversaire (Manival) ayant déclaré forfait pour le 6e tour prévu le 31; 3 en février, 1 en mars et 2 en avril. Et donc, au moins 1 en mai … « Oui, un privilège, c’est ce que j’ai encore dit à mes joueurs hier soir, répète-t-il. Et j’ajoute que nous sommes fiers ce matin, d’autant que nous sommes de « vrais » amateurs. »
Ainsi si cinq joueurs ont des contrats fédéraux (Ashley Moke, Dan Delaunay, Armel Liongo, Alexi Peuget et Vincent Di Stefano), les autres travaillent: Jean Manuel Ribeiro oeuvrait dès 8h30 au cabinet de conseil en patrimoine où il travaille, Stéphane Viglierchio était dès 5h30, sur la chaîne de production des reblochons de la fruitière de son patron de président, Luc Chabert; Houssame Boinali, latéral et électricien, était d’ailleurs sur son chantier dès potron-minet, un complexe immobilier en construction sur Annecy avec vue sur le … Parc des sports ! Quant au (presque) double buteur – c’est sa remise au centre qui rebondit sur un toulousain pour le CSC du 2-0 – Mathieu Guillaud, kiné de son état, il a fait grasse matinée avant de récupérer ses enfants chez les grands parents, « nounou » d’un soir historique. Ou plutôt d’un 2ème soir historique, lui qui a vécu l’épopée du SO Chambéry en 2011, alors pensionnaire de CFA 2 et qui a battu Monaco, Brest et Sochaux avant d’échouer en quart de finale face à Angers.
A leurs côtés, il y a aussi des ex-pro, heureux de poursuivre tranquillement leur carrière en amateur dans ce club famille. Ainsi, Dorian Levêque, vainqueur de la Coupe de France avec Guingamp en 2014: « il partage son expérience, il transmet les émotions de ce qu’il a vécu lors de cette épopée, détaille Fatsah Amghar. Et cela donne envie aux autres. » Idem pour Alexi Peuget, le capitaine, passé par Reims et dans le groupe de la montée en Ligue 1 en 2012: « il donne du calme, de la sérénité mais comme tous, il se fond dans le collectif, car c’est ma notion phare et ce qui me plait, c’est que ce n’est jamais le même buteur ou presque d’un match à l’autre. Preuve d’une vraie cohésion. »
« Mais quand je dis « vrais amateurs », c’est que nous nous entraînons que trois fois par semaine et le soir après le travail », insiste le coach. Sans oublier la donnée importante de cette drôle d’année pas drôle, du coup, de ce côté-là: la gestion du covid et des tests: « nous ne les comptons plus, explique le technicien. Mais quel casse-tête: si pour les tests antigéniques, nous pouvons les réaliser au club, pour les PCR, chacun les passe de son côté et nous envoie par mail les résultats. C’est une prise d’énergie, un aspect de fatigue psychologique à prendre en compte avec l’attente du résultat final. Et nous en tenons compte en donnant des plages de repos, notamment les week-end. »
Conséquence: les héros sont en repos jusqu’à vendredi soir pour une séance de reprise avant un nouveau planning d’entraînement d’ici le 11 mai « que je vais mettre au point ce soir, révèle Fatsah Amghar. Car là, je n’y crois toujours pas (rires). Peut-être dimanche au moment du tirage au sort que nous suivrons ensemble après une séance d’entraînement, je pense. »
Mais déjà les dirigeants ont la tête à la suite avec une appréhension : que ce fichu virus présent dans les rangs toulousains se soient propagés dans le groupe au cours du match. « C’est pour cela que nous avons été prudents dans la soirée avec les joueurs qui ont des craintes, explique François Baudet. Ils sont passés vite, juste le temps d’un rapide partage. Et j’insiste, tous masqués. » Au menu de la prochaine réunion des quatre présidents de ce club atypique, née il y a 4 ans chez les petits et 3 pour les adultes: « mettre en place la batterie de tests PCR, explique François Baudet. Nous voulons être vite rassurés. »
Avec un espoir: « le public pourra-t-il venir pour notre demie, interroge Fatsah Amghar. Ce serait top car là, ça manque. » Et dépasser la jauge des 280 personnes (joueurs, dirigeants, stadiers, pompiers et journalistes compris) autorisée pour ce quart de finale disputé à Annecy. Et vu que désormais, ce sera un cador de L1 forcément (Montpellier, Lyon ou Monaco, PSG ou Angers), Rumilly-Vallières est assuré de recevoir. Et espère que ce sera à Annecy, même si les normes de l’enceinte qui accueillait ETG en Ligue 1 quatre ans durant de 2011 à 2015 ne sont plus d’actualité a priori, le stade ayant été « vidé » des aménagements – lors de la liquidation du club et de la mise aux enchères de tous les aménagements … – qui permettaient à Evian-Thonon-Gaillard d’évoluer dans l’élite. Car vivre « à la maison, en Haute Savoie, chez nous » (dixit Baudet et Amghar) ce privilège aurait, même sans public un sacré goût de fin d’une drôle de saison … Y a quoi après le Graal?
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