Dans une interview diffusée par la chaine espagnole La Sexta, le sulfureux médecin Eufemiano Fuentes a secoué l’histoire du sport ibérique des années 1990-2000. Avec notamment un passage mettant en doute la saison 2002-2003 de la Real Sociedad, alors entraînée par le Français Raynald Denoueix.
Il fait trembler une partie du sport espagnol. Le sulfureux médecin Eufemiano Fuentes est apparu pour une interview sur la chaine espagnole La Sexta ce dimanche soir, dans le programme « Lo de Evole ». En mai 2006, il s’était trouvé au cœur de l’opération Puerto, l’enquête de la garde civile espagnole sur un vaste réseau de dopage sanguin, à l’EPO et à la testostérone. Le cyclisme était alors principalement visé, puisqu’il était le médecin de l’équipe Liberty Seguros, dirigée par Manolo Saiz. Les carrières de certaines stars du peloton à l’époque, comme Jan Ullrich, Ivan Basso et Alejandro Valverde, vacillèrent ou s’achevèrent sur ce scandale.
En 2016, alors qu’il était poursuivi pour un délit à la santé publique puisque l’Espagne ne possédait pas de loi antidopage au moment des faits, le docteur Fuentes a été définitivement blanchi par la justice espagnole. Et les noms des 211 poches de sang saisies en 2006 n’ont pas été officiellement révélés. Mais c’est donc une page de l’histoire du sport espagnol (et européen) qui pourrait être entachée.
Un champion olympique mis en cause
A la télé, ce dimanche soir, le Dr Fuentes a confirmé son travail avec un nom qui compte : celui de Fermín Cacho, champion olympique du 1.500m aux JO de Barcelone en 1992. D’autres médaillés pourraient « tomber » selon Fuentes. Le même Fermín Cacho, par la suite membre du PSOE (Parti socialiste espagnol), lui aurait ensuite demandé en 2004 de préparer les Jeux olympiques de Pékin en 2008. Selon Fuentes, c’est parce qu’il a refusé cette proposition que son système a été traqué et éliminé.
Mais le travail du médecin n’a pas concerné que l’athlétisme et le cyclisme. Il avait lui-même affirmé avoir collaboré avec des joueurs de foot. Officiellement, il a été au service de trois clubs : Elche, l’Universidad Las Palmas et l’Union Las Palmas. Mais il reconnait avoir « officieusement » donné des conseils à d’autres. Des relations avec le Barça et le Real Madrid ont été soupçonnées. Ils les dément, même s’il avoue qu’il connaissait le médecin du Real et entretient encore le flou. C’est sur le cas de la Real Sociedad que le Dr Fuentes est plus facile à suivre.
La Real Sociedad 2e de Liga
Au cours de cette interview, le présentateur lui montre l’un de ses documents et une « comptabilité B » (occulte) du club basque, pour la saison 2002-2003. Sur les deux, le même montant : 42.070 euros. Et les mots « medic » (médicaments ?) et « Asti » (comme les premières lettres du nom du président de la Real Sociedad à ce moment-là, José Luis Astiazarán), sur celui de Fuentes. Face au journaliste, il sort alors une expression espagnole, « Que blanco y en botella, leche », équivalant en français à « c’est clair et net ». Il juge ensuite « possible » que son éventuel soutien, même s’il n’était pas médecin du club basque, ait pu « avoir quelque chose à voir » avec les résultats cette saison-là.
En 2002-2003, la Real Sociedad était entraînée par le Français Raynald Denoueix, champion de France avec Nantes en 2001, salué pour son jeu de grande qualité, et avait fait sensation en Liga en terminant à la 2e place. Les attaquants Nihat et Darko Kovacevic, le milieu russe Valeri Karpin ou encore le jeune Xabi Alonso, futur champion du monde et double champion d’Europe avec l’Espagne, étaient des hommes de base. Le Dr Fuentes ne va plus loin, sur aucun des thèmes soulevés, jouant souvent de silences. Par crainte de nouvelles poursuites s’il en dit trop.
Raynald Denoueix avec la Real Sociedad en 2002-2003 © ICON SPORT https://rmcsport.bfmtv.com/football/liga/espagne-le-sulfureux-dr-fuentes-jette-une-ombre-sur-la-real-sociedad_AN-202103280280.html