Invitée sur RMC ce mardi dans Apolline Matin, Marlène Schiappa, ministre déléguée en charge de la Citoyenneté, a réagi à la défense de Pierre Ménès, journaliste de Canal+ accusé d’agression sexuelle.
L’onde de chocs de l’affaire Ménès est toujours perceptible. Au lendemain de la diffusion du documentaire « Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste » sur Canal+, le journaliste s’est expliqué lundi soir sur C8. Accusé d’avoir agressé sexuellement plusieurs de ses consœurs il y a plusieurs années, Ménès avait répondu dans le documentaire de Marie Portolano mais la scène a été coupée davantage. Elle a finalement été diffusée 24 heures plus tard dans l’émission « Touche pas à mon poste » au cours de laquelle l’ancien rédacteur de L’Equipe s’est défendu en estimant être « l’homme à abattre ».
« Le monde a changé, c’est « Me too », on ne peut plus rien dire, on ne plus rien faire », a-t-il estimé. « Ce que je pouvais me permettre il y a cinq ou dix ans, je ne peux plus le faire. Et je le regrette parce que je me freine », a-t-il ajouté avant de promettre: « On ne me reprendra plus jamais à faire des choses comme ça. C’est intolérable en 2021. » Invitée sur RMC ce mardi dans Apolline Matin, Marlène Schiappa, ministre déléguée en charge de la Citoyenneté, a réagi à cette défense. « Si par-là, il entend qu’on ne peut plus agresser sexuellement des femmes en 2021, tant mieux, je m’en réjouis, a-t-elle déclaré. C’est une bonne évolution. »
Marlène Schiappa s’était offusquée lundi après la diffusion des images montrant Ménès embrassant de force deux journalistes il y a quelques années. Va-t-elle demander des sanctions contre ce dernier?
« Je ne suis pas directrice de chaine, je n’ai pas à exiger le départ de qui que ce soit », répond-elle. « En revanche, j’appelle à une véritable prise de conscience dans le monde sportif et de la télévision, poursuit la ministre déléguée. Ce n’est pas parce que nous sommes dans une émission en direct qu’on peut se permettre de tout faire. J’appelle le monde de la télévision à une véritable prise de conscience sur les limites qui existent. Des jeunes regardent ces émissions et c’est un modèle terrible qui leur est proposé par ce type d’actions. »
Elle épargne les dirigeants de Canal+, accusés d’avoir censuré la séquence dans le reportage diffusé dimanche et suspectés d’avoir couvert les agissements de leur journaliste-star ces dernières années.
« Il y a d’autres Pierre Ménès »
« Je trouve ça injuste parce que Canal+ a été lanceur d’alerte en diffusant ce documentaire en connaissant les répercussions qui pouvaient exister en ne tronquant pas les faits, explique-t-elle. Les extraits sont sortis ensuite. C’est à chacun de prendre ses responsabilités. Je pense qu’il y a d’autres Pierre Ménès. On parle de lui parce qu’il y a des vidéos et des femmes qui ont parlé. Il y a eu un effet Streisand (l’effet inverse de celui recherché, ndlr), des extraits ont été coupés donc on en reparle encore plus. Il y a d’autres Pierre Ménès dans le monde de la télévision et je souhaite qu’ils sachent que leur notoriété ne les protège pas. Quand Ménès dit qu’en 2021, on ne peut plus faire ça, effectivement, je souhaite que les journalistes célèbres ne soient plus protégés par leur notoriété. Ce n’est pas un permis d’agresser sexuellement ses collègues de travail. »
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