Fort d’un début de saison canon, le promu lensois se retrouve à la sixième place de la Ligue 1, à l’heure de défier le FC Metz, dimanche (15h). Mais Franck Haise, l’entraîneur des Sang et Or, ne veut pas s’enflammer et refuse de parler d’ambitions européennes.
Sixième à dix journées de la fin, Lens surprend tout le monde pour un promu. Ces bons résultats et le beau jeu proposé mettent aussi en lumière son entraîneur Franck Haise. Le coach lensois a prouvé aux supporters, et même les plus sceptiques, qu’il avait plus que le niveau pour entraîner en Ligue 1. Quasiment inconnu du grand public lorsqu’il prend en main le Racing en février 2020 après l’éviction de Philippe Montanier, il remporte ses deux matchs et occupe la deuxième place de la Ligue 2 lorsque l’épidémie de coronavirus provoque l’arrêt du championnat.
Le club Sang et Or retrouve la Ligue 1 et la direction le maintient à la tête de l’équipe première. Une nomination qui étonne à l’époque mais aujourd’hui Haise a largement convaincu. Pour l’Europe, le calendrier est costaud puisque Lens va jouer Lille, le PSG, Lyon et Monaco d’ici la fin de la saison. De quoi jouer un rôle aussi d’arbitre pour le titre ? Haise s’est confié à RMC Sport avant de recevoir le FC Metz, dimanche (15h).
Avec les performances et le beau jeu développé par Lens, le regard sur vous a-t-il changé ?
Oui certainement qu’il a un peu changé. Enfin ceux qui me connaissait depuis longtemps savent qui je suis, ceux qui connaissent le foot et pas que le plus haut niveau puisque ça fait 18 ans que je suis dans le métier d’entraîneur. Après oui je pense en effet que le regard des gens qui suivent le foot d’un peu plus loin a évolué. Ils avaient certainement des doutes et c’est normal, c’est complètement logique quand il y a un novice à ce niveau-là qui prend une équipe. Ce qui compte surtout, c’est la réussite du club c’est ça le plus important.
Certains avaient des doutes mais pas vous ?
Non moi je n’avais pas de doutes sur ce qu’on allait faire, j’associe toujours à la fois le club parce que dans le recrutement je savais quel travail avait été fait. J’avais suivi ce travail et on était en osmose sur les joueurs que l’on voulait recruter et je n’avais pas de doutes non plus sur le staff qu’on l’avait constitué sur la compétence des gens sur le travail qu’ils allaient fournir de ce côté-là. Des doutes sur les résultats, il y en a toujours parce qu’on ne sait jamais comment ça va se passer. J’avais des convictions sur le travail et sur la qualité des gens et ça c’était le plus important.
Le jeu que vous proposez avec votre équipe est un plaisir à regarder, on ne s’ennuie pas. Comment faites-vous ?
Je pense que le sport d’une manière générale, et le football puisque c’est mon domaine et ma passion, ça doit servir à créer des émotions. Les gens qui suivent le club de près, derrière leur télé, nos supporters… ont vécu des émotions avec nous depuis la reprise de la saison. Il faut aussi un peu des résultats. On marque les gens positivement grâce à ça. On a de la chance aujourd’hui, on verra ce que l’on fera dans dix matchs mais avoir un bon classement est un plus. Faire du jeu, proposer du jeu en plus, faire vivre des émotions, ça fait plaisir.
Cela faisait longtemps que Lens n’avait pas été aussi bien en Ligue 1.
Je ne suis là que depuis quatre ans, je n’ai pas tout vécu au niveau des difficultés passées. J’ai vécu le PSE, des gens ont été obligés de quitter le club. L’année où je suis arrivé, si Siko (Eric Sikora) ne reprend et ne relève pas la barre dans la durée, le club est plus proche du National que la Ligue 1 à ce moment-là. Tout ça je l’ai vécu de l’intérieur. Et aujourd’hui vivre avec sérénité et faire vivre aux gens du club des moments de plaisir, c’est aussi une réussite qu’il faut goûter.
Quand on voit ce que vous faites avec Lens, l’absence de supporters à Bollaert doit être une énorme frustration ?
Oui c’est sûr, s’il y a une seule frustration cette saison, c’est évidemment que l’on ne peut pas le partager en direct. On a eu quelques bons moments quand même avec le derby (encouragements des supporters le long de la route qui mène à Lille). C’est une vraie frustration de ne pas le partager avec notre public pour tous : les joueurs, le staff… En même temps, on sait que l’on apporte un peu de bonheur pendant ces moments difficiles. J’espère que les choses vont continuer à évoluer positivement, les vaccins vont faire leur effet et que l’on pourra tous se retrouver prochainement.
Bientôt la fin de saison, on parle d’Europe, est-ce que ça ne va pas trop vite pour le club ? Pour vous ?
Evidemment, on n’est pas préparés en début de saison pour jouer l’Europe loin de là, il n’y a pas une personne qui y pense et dans l’environnement du club, il n’y a pas une personne qui y pense non plus. On est à dix journées de la fin, moi je ne parle pas d’Europe, j’ai parlé de maintien, je n’en parle plus, je parle de finir le mieux possible et je parle surtout de préparer le match de Metz qui va être très compliqué, du mieux possible. Il peut se passer pas mal de choses d’ici la fin de saison. Avançons tranquillement et si on a le bonheur d’être à une bonne place à une ou deux journées de la fin, on verra plus précisément ce qu’il en est.
Lens-Metz, ça rappelle les années 98-99.
Ça a été des moments marquants pour les deux clubs, la fin des années 90 et évidemment pour le Racing Club de Lens avec ce titre. Aujourd’hui c’est une autre histoire, c’est vingt ans plus tard, ce qui compte aujourd’hui c’est que les deux clubs sont en Ligue 1, bien installé pour Metz qui a de l’avance sur nous et pour nous d’être encore en Ligue 1 l’année prochaine.
Que faites-vous en dehors du foot ?
J’essaie de prendre un peu de temps pour moi et ma famille, de me balader avec mon chien, de couper un peu de s’aérer l’esprit. J’aime le week-end venu, déguster des bons vins, de faire des découvertes, c’est mon autre passion. Couper du foot parce que c’est un métier énergivore et très prenant, donc il faut réussir à couper même très peu de temps pour revenir avec plus d’énergie.
Au niveau du vin, quelle est votre dernière découverte ?
J’ai bu un Patrimonio vin rouge corse conseillé par un ami caviste à Rouen, il était exceptionnel. J’en ai parlé à Jean-Louis Leca et Yannick Cahuzac (les deux Corses de l’équipe) qui ne connaissaient pas. En tout cas, c’était une belle découverte.
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