Au moment de s’élancer pour tirer son penalty, ce 9 mars 2020 face à Orléans, Florian Sotoca ne s’attendait pas à marquer l’un des buts les plus importants de sa carrière. Ce jour-là pourtant, il a offert la victoire et la deuxième place de Ligue 2 au Racing. Puis, le coronavirus a explosé et le gouvernement a décidé d’acter l’arrêt des championnats. Deuxième sur le gong, Lens a arraché son retour en Ligue 1 cinq ans après sa relégation, dans un climat d’incertitude. Dix mois plus tard, les doutes se sont mués en belle réussite. Le club est dixième de Ligue 1 et séduit par sa qualité du jeu jusqu’à Thierry Henry

Tombeurs d’un PSG (1-0) très diminué en début de saison, les Lensois ont allié leur goût pour le jeu aux résultats de premiers choix avec des victoires à Rennes (0-2) et Monaco (0-3), un nul spectaculaire contre Reims (4-4) et une défaite encourageante à Lyon (3-2). A Marseille, mercredi (21h) pour le match en retard de la 6e journée de Ligue 1, le Racing ne changera pas sa mentalité. 

Haise, le pari gagnant

Nommé le 25 février 2020 en remplacement de Philippe Montanier, Franck Haise n’avait dirigé que deux matchs sur le banc des Sang et Or quand ils ont obtenu leur promotion en Ligue 1. Il a été maintenu dans ses fonctions durant l’été pour mener à bien la mission maintien du club. Et son passage éclair de la réserve lensoise à l’élite est, pour le moment, un pari gagnant. L’entraîneur a imposé sa patte avec son staff composé des anciens joueurs, Alou Diarra et Lilian Nalis. Malgré son inexpérience (un court intérim sur le banc de Lorient en 2016), Haise a écarté le scepticisme par un début de saison canon (4 victoires, 1 nul, 1 défaite), seulement perturbé par la claque reçue à Lille (4-0) et l’explosion des cas de Covid au mois d’octobre.

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Les moins bons résultats de janvier (défaites contre Lyon et Strasbourg, nul à Nantes) n’altèrent pas la bonne humeur quotidienne. Les sourires sont la norme aux entraînements parfois placés sous le signe du ludique avec des exercices de rugby, par exemple. Le reste du temps, ils sont corsés. « Des fois nous sommes plus fatigués à la fin d’une séance qu’après un match, confie Steven Fortes. Ça nous permet de rester dans le truc et d’être  prêts physiquement. » Leur marge sur la zone de relégation (14 points d’avance sur Dijon, premier relégable, avec un match en moins) leur permet de ne pas renier leurs prises de risques. La grosse homogénéité de niveaux permet aussi à Haise d’opérer des changements sans perdre en qualité. 

Des tauliers, Kakuta et des révélations

Les Lensois se sont invités dans le Top 10 (10es) en jouant sans complexe, avec une défense à trois, des latéraux offensifs et un collectif animé de cette constante envie d’affirmer que sa place en Ligue 1 n’est pas usurpée. « Avant la saison, on se demandait si on méritait d’être là, si on avait le niveau, confiait récemment Florian Sotoca à la Voix des Sports. On a tous voulu prouver. En même temps, on a gardé cette petite crainte et c’est tant mieux car tant qu’on l’aura, on embêtera du monde. » 

Symbole de cet état d’esprit: Gaël Kakuta (29 ans). Le milieu de terrain est revenu dans son club formateur en début de saison après l’avoir quitté très jeune pour Chelsea, sans même jouer chez les pros. Il a baissé son salaire pour enfin porter le maillot Sang et or. Il s’est surtout imposé comme le chef d’orchestre de cette équipe et son arme offensive la plus létale (8 buts, 4 passes). Il n’est pas le seul maillon expérimenté. Jean-Louis Leca, Yannick Cahuzac ou Florian Sotoca aident à cimenter le groupe. Il y a aussi les jeunes comme Loïc Badé (20 ans), révélation de la saison en charnière centrale, un an après son arrivée en provenance du Havre. Il fait partie des « indéboulonnables » avec Leca et Kakuta.

Le gros succès du recrutement 

Le retour de Gaël Kakuta, prêté par Amiens, est l’exemple le plus parlant du recrutement réussi de Lens. Mais ce n’est pas le seul. Le prêt d’Arnaud Kalimuendo en provenance du PSG fonctionne (4 buts, 2 passes en 13 matchs), Ignatius Ganago a débuté en fanfare (5 buts, dont 4 lors des 5 premières journées). Transfert le plus cher de l’histoire du club (8,5 millions d’euros), Seko Fofana (25 ans) enchaîne les matchs depuis deux mois. Le greffe a aussi pris avec Jonathan Clauss (28 ans) déniché à l’Arminia Bielfeld, en D2 allemande.

Lui aussi recruté en début de saison, Facundo Medina (21 ans) a démarré fort au point d’être appelé dans un groupe élargi de la sélection argentine. Depuis, le défenseur peine à confirmer. Il n’a joué qu’un match depuis la fin novembre entre méforme et problèmes aux genoux. Une majorité de bons coups validé par le coordinateur sportif, Florina Ghisolfi, lui aussi ancien joueur. 

Une stabilité retrouvée sans l’apport du public 

Le cauchemar du dernier passage en Ligue 1 lors de la saison 2014-2015 semble un lointain souvenir. Avec son style et sa marge sur la zone de relégation, Lens s’offre plus de sérénité pour le retour dans l’élite. Un luxe alors que le club est privé de son principal atout: le public. Les Lensois ont remporté leurs trois matchs joués avec des supporters (5.000) cette saison. A huis clos, ils n’ont triomphé qu’une fois lors des six matchs suivants (pour 2 nuls et 3 défaites). A Bollaert, le soutien populaire n’est pas une expression galvaudée mais les Lensois ont réussi à combler ce manque en brillant à l’extérieur (autant de points à domicile qu’en déplacement, 14).

Oughourlian 020320 iconsport.jpg ICON Sport – Le propriétaire Joseph Oughourlian dans le parcage visiteurs avec les supporters lensois en mars dernier

A la tête du club aussi, les choses sont apaisées, bien loin de la fronde contre l’ancien propriétaire, Hafiz Mammadov. Ancien actionnaire minoritaire, Joseph Oughourlian a pris les rênes du club en 2016. Il en est tombé amoureux au point de prendre place dans le parcage des supporters lensois en déplacement, quand cela était encore possible. Proche du public, il se fait discret médiatiquement, et laisse son directeur général, Arnaud Pouille, s’exprimer plus fréquemment. La crise économique impacte évidemment le club avec du chômage partiel. Mais, paradoxalement, la situation financière semble moins instable qu’à l’époque Mammadov. 

https://rmcsport.bfmtv.com/football/om-lens-comment-les-sang-et-or-sont-redevenus-tendance-en-ligue-1-et-aupres-de-thierry-henry-2029785.html

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