« Antoine Griezmann, penalty, on est ensemble! » Ça vous revient? Oui, forcément. C’est ce que chantait toute la France à l’été 2018 quand les Bleus de Didier Deschamps marchaient sur la concurrence en Russie pour remporter une deuxième étoile mondiale. Deux ans et demi plus tard, le titre du rappeur Vegedream a vraiment mal vieilli. Samuel Umtiti ne casse plus du tout la démarche et Griezmann ne réussit plus un penalty. Mercredi soir, lors de la première demi-finale de la Supercoupe d’Espagne entre le FC Barcelone et la Real Sociedad, le champion du monde s’est encore une fois planté. Quatrième tireur des Blaugrana, il a trouvé le moyen d’envoyer le ballon directement en tribunes lors de la séance de tirs au but.
Il a fallu un grand Marc-André Ter Stegen et le sang-froid de Riqui Puig pour permettre aux Catalans de s’en sortir au bout du suspense (1-1, 3 tab à 2). Au coup de sifflet final, Griezmann a d’ailleurs adressé un petit mot à son jeune coéquipier espagnol pour le remercier d’avoir marqué, bien conscient d’avoir compliqué la tâche de son équipe. Le voir rater sa tentative était pourtant presque prévisible. Le 7 novembre dernier, en championnat, Griezmann avait manqué face au Betis Séville (5-2) son quatrième penalty de suite, après ses échecs avec l’équipe de France contre l’Albanie (4-1, le 7 septembre 2019), Andorre (3-0, le 10 septembre 2019) et la Suède (1-0, le 5 septembre 2020). En sélection, sa dernière réussite date de 2018 et de la finale de la Coupe du monde face à la Croatie (4-2).
Une histoire contrariée depuis plusieurs années
Il avait ensuite converti à l’époque deux penalties en club (décembre 2018 et janvier 2019), avec l’Atlético de Madrid. Preuve de son manque de confiance actuel dans cet exercice si particulier, il a récemment laissé Martin Braithwaite se charger d’un penalty lors d’une rencontre de Liga face à Eibar (1-1, le 29 décembre). Il s’était effacé de bonne grâce devant l’ex-Toulousain… qui avait loupé le cadre. « Martin avait marqué le dernier penalty qu’il avait tiré en Ligue des champions et Antoine avait raté le sien. C’était une décision entre eux », avait alors souligné Ronald Koeman. Un épisode qui avait rappelé ce qui s’était passé lors du France-Croatie (4-2) du 8 septembre. Griezmann avait décidé de passer son tour et c’est Olivier Giroud qui avait transformé le penalty obtenu par les Bleus en fin de match.
« Il y a des moments comme ça où les penos ne rentrent pas. J’ai eu la même chose il y a deux ou trois ans où j’en avais raté six d’affilée. Il faut que je continue à les travailler. Comme j’avais déjà marqué (lors du match face à la Croatie), Olivier savait très bien que c’était à lui de le prendre. On a ce respect, cette confiance et ce petit truc entre nous deux: s’il y en a un qui n’a pas marqué, l’autre le prend. Il n’y a pas de souci », avait réagi Griezmann sur RTL, à juste titre. Car c’est vrai, il a longtemps brillé sur penalty, affichant une maîtrise remarquable pour prendre les gardiens à contre-pied ou nettoyer les lucarnes sans trembler. Comme face à l’Allemand Manuel Neuer en demi-finale de l’Euro 2016 (2-0), l’Argentin Franco Armani en huitième du Mondial russe (4-3) et le Croate Danijel Subasic en finale (4-2), faisant alors oublier son histoire contrariée avec les penalties, lui qui avait été marqué par son raté lors de la finale de la Ligue des champions 2016 perdue par l’Atlético contre le Real (1-1, 3 tab à 5).
Seulement un manque de confiance?
« Son penalty raté en Ligue des champions a été mal vécu. Il n’y arrivait plus. C’est possible qu’il y ait eu un changement à l’approche d’une compétition importante. Cette addition d’échecs l’a sans doute poussé dans une réflexion. Je ne lui ai pas demandé mais il me semble simplement qu’il est plus dans l’étude analytique du geste par le biais des moyens mis à sa disposition. Maintenant, il part déjà avec une information sur les gardiens en face de lui. (…) Je ne l’ai jamais vu travailler ça. Il n’est pas dans un schéma de répétition du geste comme un joueur de tennis. Il en a peut-être parlé avec ses entraîneurs », confiait en 2018 Éric Olhats, ancien conseiller sportif du joueur, auprès de L’Equipe. A cette époque, Griezmann confiait lui-même avoir « trouvé le petit truc pour les mettre ».
Alors comment a-t-il pu le perdre? Questionné sur le sujet en septembre, Giroud avait reconnu une possible perte de confiance: « On sait qu’il y a des périodes plus difficiles pour les attaquants. Il faut faire le dos rond, se réfugier dans le travail. Je ne suis pas inquiet pour lui. Il a cette force de caractère pour remarquer rapidement des penalties et des frappes dont il a le secret. » Deschamps avait avancé une autre hypothèse: « Le problème, c’est qu’il ne les tire pas en club alors il ne s’entraîne pas à ce geste technique particulier. » Et ce n’est a priori pas prêt de changer tant qu’un certain Messi sera toujours là.
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