Les fêtes de Noël n’ont pas suffi à calmer les supporters marseillais, vexés par la dernière sortie polémique du président de l’OM Jacques-Henri Eyraud. C’était début décembre, dans un podcast qui se voulait confidentiel, avec des entrepreneurs.
« Quand je suis arrivé à l’OM, j’ai été frappé de voir que 99% des collaborateurs du club étaient marseillais. C’est un danger et c’est un risque. Pourquoi je dis ça? Parce que j’étais là depuis quelques mois et il se trouve qu’on a eu une série de deux défaites consécutives. J’ai vu dans l’entreprise à quel point les mines se refermaient, les dépressions étaient proches. En terme de productivité, l’impact qu’avait une défaite sur les attitudes au quotidien des collaborateurs était fort. Et ça, ça ne va pas », déclarait alors le dirigeant phocéen.
Ces propos avaient beaucoup agacé les fans de l’OM, sans vraiment les surprendre. Beaucoup de supporters marseillais étaient déjà au courant de cette particularité: « JHE » se méfie, au sein de son entreprise OM, des salariés trop amoureux de l’OM. Après la fuite de cet échange très décomplexé, Eyraud tentera de préciser sa pensée, notamment lors d’une intervention sur France Bleu Provence. En résumé: « C’est tout sauf un dérapage. L’un des défis pour nous, c’est l’équilibre entre raison et passion. Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir les meilleurs partout. Ce que je veux, ce sont des talents, dans tous les domaines du club. Et s’ils sont marseillais, je suis le plus heureux du monde. » Face à la fronde et au tollé, son entourage reconnaitra malgré tout une maladresse dans la formulation. Ce n’est pas pour rien que la vidéo avait été rapidement supprimée, dès que le buzz a commencé.
Un supporter historique: « Eyraud n’est pas la bonne personne pour diriger un club comme l’OM, porteur de passion et d’histoire »
Ce nouvel épisode a bel et bien effrité un peu plus la cote de popularité de Jacques-Henri Eyraud à Marseille. Beaucoup de haine sur les réseaux sociaux, ce n’est pas nouveau. Et récemment, quelques stickers aux abords de la Commanderie, du Vélodrome, et dans quelques endroits stratégiques de Marseille. Sur ces affichettes ou autocollants, une caricature de Jacques-Henri Eyraud avec des oreilles de Mickey, et le message « €Y-$C-RAUD, Dégage ». Malgré les matchs à huis clos, qui limitent les mouvements de protestation, une mobilisation spontanée a donc eu lieu ce mercredi avant OM-Montpellier.
« Le divorce est consommé, la fracture est profonde, résume Thierry, un habitué de la Commanderie. La grogne monte de plus en plus et ce n’est qu’un début. » A ses côtés, un supporter historique du Virage Sud, qui tient à préciser que « ce rassemblement est une initiative spontanée, une idée commune d’amoureux de l’OM qui ne supportent plus JHE et ne veulent plus le voir piétiner les Marseillais. »
Ce fidèle de l’OM détaille sa colère: « Les dernières déclarations de Eyraud, c’est la dernière goutte d’eau qui fait déborder un vase bien plein. On l’a vécu comme une insulte. C’est trop. Eyraud, en résumé, c’est l’absence d’un véritable projet sportif, des recrues que l’on traîne comme des boulets, plus de com’ et de marketing que d’ambitions sportives, le Uber Eats en vert sur le maillot, les maillots violets, le manque de respect envers les groupes de supporters avec des tribunes fermées, un mutisme face aux injustices dont est victime le club, la campagne européenne honteuse… Il n’est pas la bonne personne pour diriger un club comme l’OM, porteur de passion et d’histoire. Si McCourt ne s’en rend pas compte c’est qu’il n’a rien compris, ou qu’il s’en fout complètement. »
Un proche: « Eyraud est prêt à prendre des coups si c’est pour le bien du club »
Jacques-Henri Eyraud se sait très critiqué, mais le président de l’OM encaisse, et ne se formalise pas. JHE impressionne certains de ses collaborateurs par sa capacité à avancer dans la tempête, quand le vent de la contestation souffle énormément. « Il ne recherche pas la popularité, et est prêt à prendre des coups si c’est pour le bien du club, si c’est pour que les mentalités évoluent et que le club continue de se structurer », affirme un de ses proches.
Eyraud a aussi quelques arguments pour rappeler qu’il se bat au quotidien pour mettre en valeur Marseille… et les Marseillais. Au cœur de cette crise sanitaire, le président de l’OM n’a cessé de motiver ses équipes à rivaliser d’initiatives solidaires: accueil de femmes victimes de violences au centre RLD, mise à disposition du Vélodrome pour les Restos du Cœur ou bientôt pour la campagne de vaccination, dons d’objets et de nourriture pour les plus démunis, aide financière aux hôpitaux.
« Il ne faut pas caricaturer ses propos sur les Marseillais, ajoute un de ses collaborateurs. Toutes ces actions mettent justement en valeur la ville de Marseille, il ne faut pas l’oublier. Il sait que la vitrine reste le sportif, que les résultats de l’OM sont indispensables pour valider nos actions, mais on ne peut pas laisser passer l’idée qu’il manque de respect aux marseillais, cette polémique n’est pas justifiée. » D’autres mouvements de contestation pourraient suivre, dans les jours qui viennent.
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