Je vous avoue que ça m’embête d’écrire ce papier. Etre obligé de répondre aux fans de Neymar aveuglés par leur passion adolescente, ça m’angoisse. J’ai l’impression de devoir parler avec un groupe de fans de Céline Dion à 8h du mat’, trépignant et déjà en transe pour le concert de 21h après avoir acheté quinze tee shirts et trois mugs « Dion Tour »!

Neymar a mangé un tacle. Il a hurlé. Son père a crié au scandale. Les adorateurs ont réclamé le « droit au dribble ». « Laissez le faire, sinon il va se lasser de la L1 bon sang! » « On veut le voir dribbler 4 mecs en départ arrêté et non il ne passera pas la balle aux tocards de son équipe. » Voilà le résumé des événements depuis dimanche soir.

Après Alvaro le marseillais, c’est au tour de Thiago Mendes le vilain tacleur de recevoir des insultes et menaces de mort pour avoir osé toucher Neymar. C’est dire la mesure et l’intelligence qui règne autour de la star du PSG.  

Et c’est vrai que lire, entendre les arguments des défenseurs du dribbleur fou donne la nausée. Des simplets pareils, ça se rencontre au foot ou à un meeting politique de partis extremistes.

Evidemment, personne n’a jamais dit que Neymar ne pouvait pas faire ce qu’il voulait sur un terrain. Il dribble s’il a envie, il donne la balle s’il a envie et chacun est libre de considérer la pertinence de ses choix.

A ceux qui critiquent le foot pro, on rétorque souvent et bêtement: « T’as jamais joué alors tais-toi. » Et bien pour une fois, ça m’arrange d’entendre cette phrase stupide. 

On a tous joué en amateur. Alors permettez-moi de me demander s’il existe un pays dans le monde ou un joueur peut chambrer, dribbler, provoquer sans risquer le découpage? D’ailleurs, tous les entraîneurs mettent en garde leur « vedette » contre les tacleurs du dimanche. Souvenons-nous que Tuchel l’a également fait la saison dernière pour Neymar.

Dire ça, c’est légitimer la violence? Il faut être sacrément idiot pour faire un tel raccourci. Et il ne faut pas être beaucoup plus malin pour oser des analogies avec une femme violée qu’on transformerait en provocatrice. Les réseaux sociaux regorgent d’exemples aussi stupides que ça depuis dimanche. 

Restons donc sur le foot. C’est curieux comme tous les arguments pro Neymar peuvent débouchés sur un: « Et alors? » 

En Liga, il ne prenait pas autant de coups: Et alors?  

En Ligue des champions, il ne se fait pas découper comme ça: Et alors?  

Si ça continue, il va se lasser de la L1: Et alors? 

Et alors on fait quoi? On oblige les arbitres à mettre des cartons rouges au moindre contact? On donne carton jaune au préalable pour calmer les défenseurs avant même que le match commence? On doit protéger plus les créateurs? C’est déjà le cas. Et dire qu’on le fait moins en France qu’ailleurs n’est pas vrai. J’ajoute que dans le foot des années 80, Neymar n’aurait pas fait long feu.

La seule solution, c’est l’adaptation. Les fans pensent que Neymar est entouré de bourrins, alors il s’adapte. On a le droit de penser qu’en Liga et en Ligue des champions, Neymar s’adapte…  

C’est comme le joueur de poker de bon niveau qui va à une table de nullos. Il sait que ça peut faire mal alors il s’adapte. Ou au tennis, quand on joue contre un mec avec un jeu affreux, on s’adapte. La liste est infinie. On s’adapte à la situation. Ce que semble vouloir les fans de Neymar, c’est que le reste du monde s’adapte à lui. Qu’on le regarde briller, chambrer, dribbler. On veut du privilège, des protections spéciales, une liberté totale. Il fait ce qu’il veut, donne le ballon quand il veut. Au fond ce que disent depuis dimanche les fans de Neymar (et je mets dedans certains journalistes et consultants) n’a aucun sens quand on veut bien se poser deux minutes pour réfléchir. D’ailleurs, la vérité c’est que très peu de consultants sont sur une ligne différente de la mienne. Tout simplement parce qu’il n’y en a pas.

Depuis dimanche, je reçois via Twitter une tonne de commentaires vraiment drôles. On dirait les perles du BAC. Un exemple parmi d’autres du pourquoi il ne faut pas toucher Neymar:  

« Donc on garde notre niveau pourri et on n’essaie pas d’apprendre de ces joueurs. Le mode bourrin c’est tout ce qu’on sait faire en France, il faut évoluer. »  

Donc, Neymar est en L1 pour apprendre le foot aux autres, aux bourrins. Observons-le. Les matches de L1 sont en fait des ateliers dribble. C’est comme ça que la L1 va progresser, en regardant Neymar. Il fallait y penser. En L1, sur le terrain, il y a peut-être des bourrins, mais alors devant la télé, il y a aussi beaucoup de François Pignon!

J’ai une vision plus simple de tout ça. Neymar est sur le terrain. L’expression « il cherche » dérange? Ok, alors disons qu’il s’expose. Comme tout le monde après tout. Neymar n’est pas le seul joueur au monde à se blesser dans un sport de contact non?  

Sur ce terrain, il y a des règles. Un arbitre. Des co-équipiers et des adversaires. Et il y a un match avec tous les faits de jeu qui peuvent se produire durant 90 minutes. Des dribbles, des passes, des fautes, des buts… Le problème c’est de croire que Neymar joue tout seul. Et j’ai l’impression que certains et parfois lui même croient ça!  

https://rmcsport.bfmtv.com/football/riolo-neymar-la-mise-au-point-2019138.html

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