Le football français pleure l’une de ses légendes. A l’âge de 73 ans, Gérard Houllier s’est éteint dans la nuit de dimanche à lundi. Entraîneur à succès avec le PSG, l’OL et Liverpool, Houllier a également dirigé l’équipe de France.

Il a traversé les époques du football et endossé tous ses costumes ou presque. L’histoire d’amour entre le ballon rond et Gérard Houllier, décédé ce lundi 14 décembre à l’âge de 73 ans, débute dans son Pas-de-Calais natal, à Hucqueliers, son club de jeunesse. Engagé dans des études d’anglais, qui vont lui permettre de devenir enseignant, il passe une année comme assistant dans une école de Liverpool et en profite pour jouer avec une équipe locale, Alsop, et assister à son premier match à Anfield. Comme un clin d’œil à son futur. De retour en France, il rechausse les crampons à Hucqueliers puis au Touquet.

Il ne deviendra jamais footballeur pro mais va y trouver sa voie. En 1973, à vingt-six ans, il quitte son poste de prof et devient entraîneur-joueur du Touquet AC, dont il était le président d’honneur depuis 2012. Cinq ans plus tard, après un passage à Arras pour entraîner les jeunes, il prend place sur le banc de l’US Noeux-les-Mines, qu’il va mener à une remontée en D2 en 1979 et aux barrages pour la montée (ratée) en D1 en 1981. Sans oublier le 32e de finale de Coupe de France remporté face à Nantes, pensionnaire de D1, en 1982. Les performances tapent dans l’œil du RC Lens, voisin de seulement quinze kilomètres, qui le recrute. Sa première année est une réussite avec une quatrième place synonyme de troisième qualification européenne (Coupe de l’UEFA) de l’histoire du club.

L’entraîneur du premier titre de champion du PSG

Après deux autres saisons plus moyennes, conclues aux treizième et septième places, il s’engage avec le PSG du président Francis Borelli en 1985. L’équipe est belle, Joël Bats, Luis Fernandez, Safet Susic ou encore Dominique Rocheteau, et Houllier la porte dès sa première saison au premier titre de champion de France de l’histoire du club. L’exercice suivant est moins réussi (septième place) et la saison 1987-88 va marquer la fin de son aventure parisienne: il prend du recul après sept défaites en huit matches et devient manager sportif en octobre 1987, laissant les clés du coaching à Erik Mombaerts, avant de finir par quitter le PSG quelques mois plus tard.

Le traumatisme de 1993

Il prend alors la direction de la Fédération française, où il devient adjoint du sélectionneur Michel Platini et Directeur technique national. Après l’échec de « Platoche » lors de l’Euro 1992, Houllier lui succède et va diriger l’un des pires moments de l’histoire des Bleus: deux défaites surprises à domicile contre Israël (2-3) et la Bulgarie (1-2) privent l’équipe de France de la Coupe du monde 1994 alors qu’elle n’avait besoin que d’un point pour obtenir son billet. L’épisode laissera des traces. Après la défaite contre la Bulgarie, il s’en prend à David Ginola, coupable à ses yeux sur le but décisif bulgare. L’inimitié entre les deux restera vive malgré le temps qui passe. Houllier démissionne de son poste mais reste DTN, fonction qui lui permet en parallèle de s’occuper des équipes de France U18 (de 1994 à 96, titre européen à la clé) et U20 (de 1996 à 98). Il est à ce poste quand les Bleus d’Aimé Jacquet, qui va lui succéder, deviennent champions du monde en 1998.

Liverpool, la saison de tous les trophées

Peu après, il retrouve Liverpool et devient entraîneur – d’abord en association avec Roy Evans, qui démissionne quelques mois plus tard et le laisse seul aux manettes – d’un club mythique. S’il ne fera pas retrouver le titre national aux Reds, avec une deuxième place en meilleur résultat (et jamais pire que septième), il vit une année 2001 phénoménale : victoires en FA Cup, League Cup, Coupe de l’UEFA, Supercoupe d’Europe, Charity Shield, Ballon d’Or pour son attaquant Michael Owen. Mais 2001 est aussi l’année de sa dissection aortique, le 13 octobre lors d’un match contre Leeds, qui entraîne une lourde opération de chirurgie vasculaire. Son adjoint, Phil Thompson, prend en charge l’équipe avant son grand retour plusieurs mois plus tard. Critiqué pour ses recrutements trop orientés championnat de France, pour la qualité du jeu proposé et pour des résultats trop irréguliers, il vit deux dernières saisons plus difficiles – malgré un nouveau trophée avec la League Cup 2003 – et quitte le club par « consentement mutuel » en 2004.

Après une année de consultant (TPS Star), il retrouve un banc dans son pays en devenant coach de l’Olympique Lyonnais à l’été 2005. Il quittera le club deux ans plus tard pour « raisons personnelles », alors qu’il lui reste un an de contrat, avec deux titres de champion de France en poche, les cinquième et sixième de rang pour l’OL, et une forme de regret: les Gones version 2005-06 avaient le potentiel pour faire mieux sur la scène européenne que leur quart de finale de Ligue des champions perdu contre l’AC Milan. De retour comme DTN en septembre 2007, il va participer à influencer le conseil fédéral à garder Raymond Domenech en poste après l’échec de l’Euro 2008. Après le fiasco du Mondial 2010 et de Knysna, il se retrouve dans le viseur des critiques et démissionne de son poste. Il retrouve le terrain et retraverse la Manche pour devenir manager d’Aston Villa, dont il doit démissionner l’année suivante pour raisons de santé après un passage à l’hôpital qui le prive de la fin de saison. Il aura tout de même mené Villa à la neuvième place de Premier League: le club n’a jamais fait mieux depuis dans l’élite anglaise.

Retour à l’OL en 2016

Houllier, lui, s’écarte pour de bon du banc et devient en 2012 directeur sportif des New York Red Bulls puis « directeur mondial de la branche football » du groupe Red Bull, en charge de tous les clubs et les centres de formation de la marque autrichienne. Il fait aussi un retour à Lyon en 2016 pour devenir « conseiller extérieur » du club, avec au passage quelques passes d’arme médiatiques savoureuses avec Bernard Lacombe, puis directeur technique de l’OL féminin et de l’OL Reign (le club féminin américain racheté par l’OL) en novembre 2020. Désigné Chevalier de la Légion d’honneur pour ses services au foot français en 2002, mais également officier honoraire de l’Ordre de l’Empire britannique, il avait été élu meilleur entraîneur de D2 en 1981 et de L1 en 2007. Il avait tout vécu dans le ballon rond, ou presque. Une vie de foot.

RMC Sport présente ses condoléances à sa famille et à l’Olympique lyonnais.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/ol-gerard-houllier-est-mort-a-l-age-de-73-ans-2018462.html

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