Le contexte mondial est très marqué à cause de la pandémie de la Covid-19. Quelles sont les conséquences pour le football professionnel portugais (aussi bien les clubs que la Ligue)?

Cette pandémie est un problème transversal qui n’est pas seulement celui de la sphère sportive, économique, culturelle… Nous vivons tous un nouveau « normal » et la nouvelle réalité obligera toutes les activités à se réinventer. Bien sûr que le football et le football professionnel en particulier traversent des difficultés. Elles sont d’abord liées à l’exercice même de l’activité. Nous n’avons par exemple pas de public dans les stades. Ensuite, parce que le football professionnel est un sport professionnel, un business, il y a beaucoup de conditionnements, tout un effet domino. Les conséquences économiques que cette pandémie entraîne sur tous les secteurs liés au marché professionnel ne sont pas encore quantifiables mais elles vont obliger à une réorganisation, à repenser ce que sont les dynamiques économico-financières du football professionnel. Les recettes dépendent d’abord des performances mais il y a aussi un effet sur les sponsors, sur le marché des transferts de joueurs, sur l’accès au spectacle sportif… Il y a un ensemble de conséquences économico-sportives qui touche le football professionnel et auquel la Liga n’est pas étrangère.

Pour ceux qui suivent la Liga portugaise de moins près, elle se résume très souvent au trois grands. Que répondez-vous à ceux qui vous disent que le championnat portugais se limite à Benfica, FC Porto et Sporting?

Nous devons comprendre qu’il peut y avoir une perception externe par rapport à cette question mais je dirais qu’elle ne correspond pas à la vérité. Ces dernières années, nous avons assisté à l’ascension d’autres clubs, d’autres communautés, qui viennent lutter pour des titres et les places au sommet. Il y a le travail fantastique du SC Braga, du Vitória de Guimarães, du Marítimo, le nouveau Famalicão… C’est un ensemble de réalités et pas qu’en Liga NOS. Cette réalité existe aussi dans notre deuxième division, la Liga SABSEG, où des clubs ressurgissent avec l’arrivée d’investisseurs. Cela altère l’échiquier sportif tel que nous le percevons. Nous savons qu’il y a un travail qui doit encore être fait. Aujourd’hui, le football professionnel dépend beaucoup des recettes que les clubs génèrent. Il y a encore trop de dichotomies, de différences, concernant les sources de recettes, entre ce à quoi les dits « grands clubs » peuvent avoir accès et pas les autres. Notamment les droits télévisés, l’accès aux compétitions internationales, la vente de joueurs… Quand on sera parvenus à réduire ce gap d’argent entre ceux qui en gagnent le plus et ceux qui en gagnent le moins, on aura une compétition, permettez-moi la redondance – plus compétitive. Où un club qui habituellement termine en milieu de tableau ou en-dessous puisse, comme on peut le voir dans d’autres ligues, disputer les premières places. En tant que Ligue, nous avons la responsabilité de créer des conditions d’équité économico-financière, concernant l’accès aux compétitions, le fair-play financier… Parfois, certaines personnes sont choquées quand la Ligue affirme que tout le monde ne peut pas être présent dans les compétitions professionnelles. Mais c’est vrai: tous n’ont pas les conditions de les intégrer. Le cahier des charges qu’une société sportive doit respecter pour participer aux compétitions professionnelles est très lourd. Et malheureusement, nous avons constaté ces dernières saisons que des clubs qui n’avaient pas les conditions pour y prendre part, y compris des clubs historiques. Ces cinq dernières années nous avons beaucoup augmenté nos niveaux d’exigences vis-à-vis des clubs, aussi bien au niveau économico-financier qu’au niveau des infrastructures. Parce que nous avons la notion que le football professionnel est un produit télévisuel et cela exige à ceux qui y prennent part d’avoir un niveau de haute qualité. Nous parlons la plupart du temps de contenus digitaux, télévisuels. Nous devons vendre notre produit.

Les droits TV, justement. En 2015, lorsque vous avez été élu pour votre premier mandat de président de la Liga Portugal [Pedro Proença a été réélu en 2019], l’un de vos combats était la centralisation de ces droits. Le Portugal est l’un des derniers pays d’Europe où elle n’est pas appliquée. Pourquoi n’y arrivez-vous toujours pas?

Je dirais qu’on y arrive. Il y a peu, le secrétaire d’Etat aux Sports [João Paulo Rebelo] a annoncé publiquement que le cadre légal allait rapidement évoluer. Cette réflexion existe déjà. Il y a un alignement transversal entre les grandes entités qui régissent le football au Portugal: la Fédération, la Ligue, les clubs, le pouvoir politique… Tous ont compris que le seul modèle qui existe pour rentabiliser les recettes des clubs, réduire l’écart entre ceux qui gagnent le plus et ceux qui gagnent le moins, pouvoir améliorer le fameux produit audiovisuel –  qui peut être traité de façon digitale ou autre – ne peut se faire qu’à travers la centralisation de ces droits à travers l’entité qui régit la compétition. Cette réalité existe déjà au sein de la Fédération Portugaise de Football. Les championnats non-professionnels sont centralisés par la fédération et il en sera de même avec les droits audiovisuels des compétitions professionnelles. Les années 2015 et 2016 ont été marquées par les signatures des derniers contrats télévisés [par les clubs, eux-mêmes]. Je dirais que c’est le dernier cycle de ce modèle de négociation. Aujourd’hui, il existe un alignement total pour qu’un nouveau cycle soit mis en place autour de la centralisation. Ce qui est discuté aujourd’hui c’est de savoir comment traiter de façon plus positive notre produit. Les thèmes qui sont sur la table sont : le combat contre le piratage et comment rentabiliser les droits internationaux. Nous avons conscience que la capacité de rentabilité des droits nationaux a atteint sa limite maximale. Nous voulons exporter notre marque. Quand on a un patrimoine comme la qualité du football portugais, comme Cristiano Ronaldo, José Mourinho qui sont des phénomènes mondialement reconnus, nous devons en profiter pour placer la marque de la Liga Portugal sur ce qui est son vrai positionnement.

Vous dites que la centralisation des droits TV se fera à la fin du « dernier cycle » lié aux contrats signés par les différents clubs. Concrètement, cet ultime cycle prendra fin quand?

La limité maximale est la date de validité des contrats signés. Les contrats signés par les clubs portent jusqu’à 2027-2028. Ce que nous pensons tous, et je pense que nous sommes absolument tous d’accord là-dessus, c’est que la meilleure façon de traiter notre produit foot est à travers ce modèle. Nous savons qu’il y a cette limite temporelle mais nous ferons tout notre possible pour pouvoir anticiper, avec tous les partenaires, cette date. C’est le grand défi que nous souhaitons voir se concrétiser.

Vous disiez que vous avez eu des discussions avec le secrétaire d’Etat aux Sports sur la question des droits TV. En Espagne, le pouvoir politique a dû intervenir pour mettre en place cette centralisation. Il en sera donc de même au Portugal…

C’est un cheminent très similaire. Il faut réguler cet ensemble de règles. Il y a plus d’un an, l’Autorité de la concurrence a indiqué le chemin à suivre, y compris au Gouvernement, sur cette question. La Ligue et la Fédération ont présenté un travail commun aux autorités politiques pour que ce chemin soit suivi. Il y a un alignement total. La Ligue a trois compétitions internes que nous appelons trois unités de business : Liga Portugal I, Liga Portugal II et la Coupe de la Ligue. Les droits de cette dernière sont centralisés. C’est donc déjà la Ligue qui négocie la façon dont ces droits doivent être exposés. Si on regarde l’évolution de la Coupe de la Ligue, l’Allianz Cup, sur les quatre dernières années, la façon dont elle a été repensée, cela démontre bien la qualité du produit qui dépasse même parfois de façon excessive nos attentes. La Fédération suit déjà ce modèle, à travers la Coupe du Portugal, le Campeonato de Portugal [D3], le futsal, le beach soccer… Et ce modèle beaucoup le suivent déjà avec beaucoup de succès, au niveau international.

Il existe aujourd’hui un litige entre Mediapro et la LFP en France, concernant certains versements, dans un contexte marqué par la pandémie. Cette situation vous inquiète-t-elle?

Cela fait partie des processus de dynamisme économique liés à la pandémie. La Liga Portugal et les clubs portugais aussi ont dû effectuer des ajustements à leurs contrats de sponsoring. Quand on arrive à la fin d’une compétition comme notre deuxième division et que les dix dernières journées ne se jouent pas, il y a un ensemble de partenaires qui se sont associés à cette compétition et qui ont aussi leurs affaires impactées sur les retours sur investissement qu’ils pensaient obtenir. Nous avons dû procéder à des ajustements, réduire nos marchés et notre sponsoring. C’est une réalité face à laquelle nous devons tous être préparés. Le football ne vit pas de façon isolée. Non, le football professionnel est une activité économique qui établit des liens avec des investisseurs. Si quelque-chose surgit de façon exceptionnelle comme ce fut le cas dans la Ligue française qui ne s’est pas terminée, nous devons comprendre que ceux qui ont beaucoup investi dans cette Ligue ont été pénalisés. Ces ajustements doivent être faits. Je pense que ces discussions qui pourraient éventuellement terminer par un litige devant les tribunaux finiront par se résoudre, quand les personnes se mettront autour d’une table et comprendront que tout le monde y a perdu face à cette pandémie.

En tant que président de la Liga Portugal, quelle est votre position face au fameux projet de Superligue européenne?

Nous sommes très clairs sur cette question. Nous sommes totalement opposés face à la possibilité d’une « méga-ligue » qui dépasse les réalités nationales. Ceux qui défendent ce modèle de business, cette typologie, ne comprennent pas le cycle formatif des grands clubs. Nous vivons dans un contexte européen et ce type de réalité est accepté sur le marché nord-américain. En Europe, le principe de promotion et relégation est une réalité que nous acceptons de façon naturelle; le sport nord-américain qui est à un stade économique complètement différent, lui, ne l’accepte pas. Au Portugal, en Europe, nous obtenons la possibilité d’être dans une compétition par le mérite sportif; aux Etats-Unis, l’espace est conquis exclusivement par mérite économique. Concevoir une ligue fermée, qui compte tout au plus une douzaine de clubs, qui bénéficie de dynamiques économiques qui ne sont pas atteignables par d’autres clubs est une erreur. Ne serait-ce que parce que le football professionnel ne vit pas sans le football de formation et le football amateur. Cette chaîne d’alimentation qui va du football district, au football national, au football professionnel et international, tout ce cycle doit être respecté. Si nous créons une ligue inaccessible, où les gens acquièrent leur part par leur poids économique, nous allons dénaturer ce qui nous mobilise tant à travers le football. C’est la possibilité pour un « Marseille anonyme », permettez-moi l’expression, pour un club qui, un jour, a été eu deuxième division française mais qui, par mérite sportif, parvient à être champion d’Europe. C’est cette possibilité, cet espoir, que nous pouvons créer par le sport qui fait que le football européen est si magnifique, avec autant de qualité et de magie.

Si on regarde les dernières éditions de la Champions League, on retrouve très souvent les mêmes clubs en finale, issus des mêmes pays [il faut remonter à 2004 pour trouver un club hors du Big 5 en finale: le FC Porto]. La Champions League n’est-elle pas déjà, d’une certaine façon, une ligue fermée, dont les succès sont réservés aux clubs les plus puissants?

Il s’agit là d’un des grands défis de l’UEFA et de la FIFA: où se situe l’équilibre entre la sphère économique et la sphère sportive? Comment marier ces deux réalités? Comment, sans aller à l’encontre des principes constitutionnels des pays, nous pouvons établir des limites budgétaires de façon à ne pas avoir seulement 16 clubs ayant la capacité de remporter la Champions League, mais de laisser la place à d’autres réalités? Cela passera par plus de rigueur vis-à-vis du Fair-play financier. Les clubs ne peuvent pas dépenser plus, ou avoir des investisseurs qui garantissent l’accès aux titres juste parce qu’ils sont des investisseurs. La donnée sportive, le développement du jeune joueur, est fondamental. Nous savons tous que l’aspect économique s’est imposé face à l’aspect sportif. Mais c’est cet équilibre que nous devons chercher. Je suis donc totalement contre la création d’une superligue. Si cela se produisait, pour le football portugais, par notre incapacité en tant que pays à produire de la richesse économique, nous n’aurions plus jamais accès à d’autres paliers. Le fait est que le football européen et mondial se nourrit du joueur portugais. Si nous avons cette capacité de former des joueurs, des talents, donnez-nous alors aussi des conditions pour disputer les premières places dans les compétitions interclubs. Ce qui se passe encore ici ou là, c’est parce que la FIFA et l’UEFA parviennent encore à conceptualiser cet équilibre entre l’économie et el sportif.

En tant que président de la Liga Portugal, autant que connaisseur du foot portugais, vous pensez qu’un club portugais sera en capacité de remporter la Champions League dans les années à venir?

Malgré le niveau des recettes dont les clubs ont bénéficié, nos performances ont été très positives. Il n’y a pas si longtemps que ça que le FC Porto a remporté la Champions [2003-2004]. Nous ne pouvons pas retirer les clubs portugais de leur contexte économique. Nous savons où nous positionner quand on voit où le Portugal se situe économiquement. La réalité est qu’en misant sur les jeunes joueurs, sur les académies, comme nous l’avons fait, qu’avec notre capacité de scouting, le développement des compétences des jeunes joueurs qui proviennent soit de la formation, soit de notre bon scouting, nous avons eu de bonnes prestations au niveau international. Regardez ce qu’ont fait le Benfica, le Sporting de Braga, le FC Porto… Ce qui est arrivé au Sporting cette année est une exception. Au regard du classement UEFA, nous sommes la sixième plus grande ligue d’Europe. Dans quelle activité économique en Europe sommes-nous en sixième position? Cela signifie que nous avons un savoir-faire, une capacité.

Lors du dernier rassemblement de la Seleção, Fernando Santos n’a convoqué que deux joueurs de la Liga Portugal: Sérgio Oliveira (FC Porto) et Paulinho (SC Braga). Le sélectionneur du Portugal a déclaré que c’était « bon signe ». Est-ce aussi un « bon signe » pour vous, en tant que président de la Liga Portugal?

Je poserais la question autrement: combien de joueurs de la Seleção sont passés par la Liga portugaise? C’est pour moi, un facteur de référence et je dirais que 98% d’entre eux sont passés par la Liga portugaise, aussi bien en première qu’en deuxième division. Je souhaiterais, en tant que président de la Liga, qu’il y ait plus de joueurs de notre Liga. Mais nous avons aussi conscience que notre capacité, ou plutôt notre incapacité, de rétention de ces jeunes joueurs est très élevée. Le pourcentage de joueurs qui évoluent au sein de notre Liga II et qui sont vus par les plus grands clubs à l’international et qui, très tôt, font preuve de qualités qui n’ont même pas eu le temps d’atteindre la Liga I, révèle la qualité que nous avons dans le développement du jeune joueur. Plus les clubs auront de bonnes conditions économiques et financières, plus ils auront la possibilité de maintenir au sein de nos ligues de bons joueurs. Nous voulons voir surgir plus de joueurs en Liga portugaise qui puissent alimenter les sélections nationales. Quand je vois cette capacité de renouvellement, de révéler, chaque saison, de nouveaux joueurs, je dirais que les vingt prochaines années de la Seleção sont parfaitement assurées. Aussi bien grâce au travail du football amateur, que de celui du football professionnel.

En France, la Coupe de la Ligue vient d’être dissoute. Au Portugal, c’est une compétition relativement jeune [la première édition a eu lieu en 2007-2008] qui a connu un succès populaire intéressant depuis qu’elle se déroule sous forme d’un Final Four (dans le même stade, sur une semaine, à mi-saison). Aimeriez-vous qu’elle prenne plus d’importance sportivement et qu’elle soit qualificative pour une place en Coupe d’Europe?

Nous suivons cette compétition de très près. Il faut remonter à 2003 pour comprendre pourquoi cette idée est venue et pourquoi en 2007 elle devient une vraie compétition. Il y a un effet sportif mais aussi un effet économique. C’est une compétition qui permet de répartir des droits économiques à travers ceux qui ne sont pas seulement que vous définissiez comme les « grands clubs ». Sportivement, elle donne du temps de jeu et un espace à des joueurs qui n’en n’avait pas. Il est clair que la réalité de 2007 lorsqu’elle apparait n’est plus celle d’aujourd’hui. Mais le modèle que nous avons mis en place est un réel succès. Ce modèle du Final Four, sur une semaine, va bien au-delà de la sphère sportive. On parle, on respire, on vit football professionnel pendant toute cette semaine. Il y a une transversalité qui va bien au-delà d’une compétition. Nous avons des difficultés comme celui du calendrier qui doit se dessiner avec des contraintes nationales et internationales, mais les clubs reconnaissent son intérêt et son maintien. Si nous pouvions faire en sorte qu’elle donne accès à une compétition internationale, ce serait mieux encore, mais, en ce moment, son maintien permet de distribuer plus de recettes aux clubs, notamment dans une période difficile.

Votre mandat à la tête de la Ligue correspond à un rapprochement avec la Liga espagnole. Certains nourrissent un vieux fantasme: réunir les championnats d’Espagne et du Portugal. Avez-vous déjà évoqué cette idée avec Javier Tebas?

Aljubarrota [En 1385, une bataille oppose les forces portugaises aux forces espagnoles. Le royaume d’Espagne qui revendique le trône du Portugal est vaincu à Aljubarrota] a eu lieu quand elle devait avoir lieu (rires). Mon ami Javier Tebas ne va pas mal le prendre. J’ai beaucoup d’admiration pour la Liga espagnole, pour le modèle de développement de son football-industrie. Nous devons regarder la Liga et nous dire qu’un jour nous attendront un seuil de développement du football professionnel semblable au Portugal. J’ai une excellente relation avec le président Javier Tebas. Nous avons signé de façon cyclique des accords dans lesquels la Liga Portugal et la Liga espagnole partagent des expériences conceptuelles. C’est une expérience très novatrice et de nouvelles réalités vont poindre bientôt, soyez attentifs à ce qui va se produire. Nous avons mis en place une Copa Ibérica, sur un modèle de Final Four. Nous pensons que c’est une compétition qui peut unir le peuple ibérique. Mais il ne nous traverse pas l’esprit de perdre notre nationalité, notre individualité, notre ligue. Nous maintiendrons notre esprit de coopération dans divers domaines, institutionnels, commerciaux, sportifs… Nous sommes intimement liés à la Liga espagnole. C’est un exemple que nous voulons suivre. L’un de nos grands projets à venir est un partenariat avec la Liga espagnole, signe de l’internationalisation que nous voulons développer autour de notre marque Liga Portugal. C’est ce que la Liga a fait. Elle possède des bureaux dans plus de 70 pays et j’aimerais un jour, très bientôt, que cela arrive, en nous inspirant de ce que la Liga espagnole a fait en terme de benchmarketing, avec un énorme succès. Si on revient quinze ans en arrière, la réalité de la Liga était certainement très semblable à celle que nous avons aujourd’hui au Portugal: des clubs avec de grandes difficultés économico-financières, pas de centralisation des droits télévisés, pas de communion ni de discussions sur les droits commerciaux… Nous voulons nous aligner sur cette réalité, pour le bien des clubs et des compétitions professionnelles.

Beaucoup d’affaires judiciaires liées au football et/ou à des acteurs du football portugais ont surgit, ne serait-ce que ces derniers mois. Ne craignez-vous pas que cela entache ou décrédibilise le foot portugais?

Personne ne peut être satisfait qu’il puisse exister des litiges juridiques. Nous avons espoir, nous savons quel type de dirigeants, d’entraîneurs, de joueurs, d’arbitres nous avons. La plus grande valeur que nous avons apporté à la Liga Portugal en 2015, c’est la crédibilité. Et nous avons conscience que de la gagner prend du temps, des années, beaucoup de travail; pour l’abîmer, il suffit d’un procès en justice. Nous ne commentons jamais ces procès. La seule chose que nous voulons, c’est que la justice fasse son travail et qu’elle agisse de façon rapide. Parce que pire qu’une bonne ou une mauvaise décision, c’est qu’il n’y ait pas de décision du tout. C’est la célérité judiciaire, celle des décisions qui nous préoccupe. Ensuite, sera punit celui qu’il doit l’être, sera innocenté celui qui doit l’être.

Avant d’être président de la Liga Portugal, vous avez été arbitre international. Vous avez été agressé physiquement dans un centre commercial (en 2011). Avez-vous que le sentiment que la violence dans le foot au Portugal s’est aggravée, qu’elle s’est calmée, qu’elle stagne?

Le problème de l’hooliganisme ne concerne pas que le Portugal, il concerne l’Italie, la France, l’Angleterre, l’Espagne, les compétitions internationales… Au Portugal, nous avons fait de grands pas dans le combat contre la violence, la xénophobie, le racisme. La dernière loi de la violence qui n’est pas exactement ce que nous espérions est un pas qui va en ce sens. Nous voulons faire du football un spectacle sportif où les familles peuvent se rendre tranquillement, avec civisme. Le football ne peut pas être un espace où les gens ont peur d’aller. C’est un phénomène qui dépasse largement le domaine sportif. Ce qui s’est passé en France, ces derniers temps, est aussi très préoccupant. Certains profitent du football pour amener sur le terrain cette violence qui est un phénomène transversal à la réalité de chaque pays. Nous voulons éradiquer cela, notamment la xénophobie et le racisme. L’année dernière, nous avons eu un exemple très négatif qui nous a fait combattre de façon forte, avec tous les clubs, le racisme et nous ne voulons pas que cela se reproduise. Tous les acteurs disent non à l’intolérance.

Vous faites référence au cas Marega qui avait été la cible d’attaques racistes à Guimarães [en février 2020]. C’est une question qui revient sans cesse : comment combattre concrètement le racisme?

C’est un problème générationnel, un problème d’éducation, qui va au-delà du sportif. On ne peut inculquer du civisme à une personne qui entre dans un stade. En revanche, on peut interdire l’entrer à quiconque se livre à ce genre de comportements dans les enceintes sportives. La nouvelle loi du combat à la violence rejette, d’une certaine façon, le supporter qui ne veut pas avoir un bon comportement. Nous voulons bannir ceux qui n’ont pas les bons comportements. Mais il est important que le pouvoir judiciaire et le pouvoir politique assument leurs responsabilités. Le football n’est pas coupable de tous les phénomènes sociaux qui se produisent dans notre pays. Le football est le résultat de tous ces comportements. Mais vous pouvez être sûrs que le football professionnel sera l’un des premiers interlocuteurs pour combattre ces phénomènes.

En tant qu’ancien arbitre international, quelle est votre opinion, sur l’assistance-vidéo qui divise les acteurs mais aussi les fans de foot?

En tant qu’ex-arbitre et aujourd’hui en tant que témoin, je dirais que tous les outils qui puissent soulager les équipes d’arbitrage en tenant compte des limites dont elles doivent faire face sur le terrain, et qui puissent empêcher de violer la vérité sportive, qui puisse aider à avoir un spectacle plus juste, sont les bienvenus. Le VAR est un très bon outil, qui doit, bien entendu, être bien utilisé. Il y a une période d’adaptation nécessaire, parce que nous avons un football différent, technologique, auquel nous n’étions peut-être pas préparés. Il faut laisser à ceux qui mettent en place ce projet du temps pour que le résultat final qui est : améliorer la décision des arbitres, puisse être une réalité. Avec plus de bonnes décisions arbitrales, nous aurons un football plus positif, plus crédible, et, au final, plus viable économiquement.

Les prochaines élections présidentielles de la Liga Portugal auront lieu en 2023. Pedro Proença sera-t-il candidat à sa succession?

J’ai tellement de défis d’ici 2023, nous avons tant à faire… Je veux pouvoir arriver à la fin de mon mandat avec le sentiment d’avoir contribué un peu à l’amélioration du football professionnel. Avec ma direction, nous avons fait de gros efforts pour non seulement récupérer économiquement et financièrement la Ligue, mais aussi apporter de la crédibilité. Personne ne peut remettre en cause les compétences, l’honorabilité et la crédibilité des dirigeants actuels de la Ligue. Nous agissons avec rationalité, pour unir ces 34 entités qui composent les compétitions professionnelles. Le seul moment où les clubs doivent être divisés c’est pendant les 90 minutes. Nous avons beaucoup plus de raisons de nous unir que de nous diviser. J’ai grand espoir que l’avenir proche des compétitions professionnelles sera très positif. Nous avons encore une grande marge de progression. Nous sommes entourés de gens compétents, de gens qui ont porté le maillot, qui sentent le football. Je suis très satisfait de constater que les nouveaux dirigeants dans les ligues, les fédérations, les syndicats, les districts sont ceux qui ont, un jour, été sur le terrain. Le football à ceux qui sont du football, les autres domaines à ceux qui sont des autres domaines.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/droits-tv-superligue-europeenne-var-perspectives-de-developpement-entretien-avec-le-president-de-la-liga-portugal-2014115.html

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