Il y a un mois, Nice s’imposait à Angers (3-0), se logeait au pied du podium de Ligue 1, mais perdait son capitaine Dante, victime d’une rupture des ligaments croisés. Quatre matchs plus tard, le club est proche d’une crise. La double défaite face au Slavia Prague a placé le Gym hors-course en Ligue Europa. Et le naufrage dimanche contre Dijon (1-3), orphelin de victoire avant de se déplacer sur la Côte d’Azur, l’a entraîné vers le ventre mou de la Ligue 1 (11e). Chez les supporters, c’en est trop. Et pour la majorité, le principal fautif s’appelle Patrick Vieira.
« Ses interviews sont lunaires, s’agace Christophe. C’est un truc de fou, de dire qu’on manque de respect à Prague, que Dijon ne mérite pas sa dernière place, pfff… Il n’y a pas assez d’exigence, ce n’est plus possible. » Depuis plusieurs mois, le champion du monde 1998 en prend pour son grade sur les réseaux sociaux. Le hashtag #VieiraOut s’est retrouvé dans la catégorie « tendance » après le revers contre Dijon et une pétition a été lancée lundi demandant le licenciement du jeune entraîneur, récoltant près de 1.000 signatures en quelques heures.
« Je pense que quelque chose s’est cassé, soupire Hugo. (Jean-Pierre) Rivère serait stupide de maintenir Vieira à 100% quand on voit les performances catastrophique. » « Il a fait des bonnes choses la première saison mais après c’est difficile, enchaîne Benjamin. C’est un coach pour le milieu ou le bas de tableau mais pour jouer au-dessus, il manque de poigne et de caractère. Vieira ne prend pas la mesure de la gravité de la situation. » Christophe, lui, est plus virulent: « Je ne peux plus le supporter, il n’insuffle rien au club. Tactiquement, c’est le néant, les joueurs sont baladés de droite à gauche… C’est vraiment compliqué d’être supporteur de l’OGC Nice aujourd’hui ».
Les joueurs également dans le viseur
Si l’entraineur azuréen est largement critiqué, il n’est évidemment pas considéré comme le seul fautif des maux niçois. Après la rencontre face à son ancien club, Pierre Lees-Melou est apparu dépité en conférence de presse dimanche. « On ne peut pas sortir de ce match, prendre notre douche et rentrer chez nous tranquillement, déplorait le capitaine du soir en l’absence de Dante, blessé, et Schneiderlin, suspendu. On n’est pas fier, on a honte, on se déçoit nous, on déçoit nos familles, nos supporters… »
Déçu, Alain l’est sacrément. Abonné depuis 50 ans, il s’est précipité à la sortie de l’Allianz Riviera dimanche pour attraper quelques joueurs après la rencontre: « Certains sont sortis de leur voiture comme Schneiderlin, Rony Lopes, Boudaoui, Trouillet… Ils sont comme nous, déçus, et veulent se rattraper ». Mais pour Alain, les joueurs ont autant de responsabilités que le coach: « On met tous les torts sur Patrick Vieira mais il n’y a pas que lui, il faut que les joueurs se regardent dans la glace, certains n’ont pas le niveau de la Ligue 1 ! ». Quand Benjamin regrette l’investissement: « Les joueurs ne doivent pas croire qu’ils sont au PSG, au Real ou au Barça. Ici, c’est un club où il faut se donner à fond, un club familial où il faut s’impliquer, où il faut être proche des supporteurs ».
Christophe, lui, est désespéré: « C’est plus possible de jouer en dilettante. Regarde Nsoki, il joue comme un seigneur… Il faut inculquer une nouvelle mentalité, un nouvel élan et Vieira n’est plus l’homme de la situation. D’accord, on n’est pas le PSG ou une grosse écurie européenne mais si on ne peut pas rivaliser avec Prague ou Beer-Sheva, qu’est-ce qu’on fait là ? On se prend la honte en France et en Europe ». De quoi mettre à mal le projet INEOS ? « Ce projet, c’est de la poudre aux yeux », commence Arthur. « On nous a promis monts et merveilles, que ne pas sortir des poules en Coupe d’Europe serait un échec, qu’on se qualifierait encore l’an prochain… » reprend Benjamin, avant de laisser terminer l’expérimenté Alain: « On nous a fait rêver avec INEOS, à nous parler de la Champions League, mais il nous faut les joueurs pour ça. Franchement, il y a de quoi être en colère, on retombe dans les travers de certaines périodes difficiles que j’ai pu connaitre ».
La direction « n’est pas aveugle »
Amené il y a deux ans par Jim Ratcliffe, le projet INEOS semble en effet avoir pris du plomb dans l’aile après cette campagne européenne ratée (à deux journées de la fin, il faudrait un miracle pour que Nice se qualifie en 16es de finale d’Europa League). Et Jean-Pierre Rivère en a conscience. « Pour l’instant, sur le plan sportif, on n’est pas dans le projet. Il faut vite se mettre en marche pour trouver des solutions car pour l’instant cela ne nous convient pas, a lancé le président niçois au micro de nos confrères de Canal+ avant la rencontre face à Dijon. On n’est pas aveugle. Je ne vais pas m’exprimer sur le cas Vieira devant vous. Si j’ai des choses à lui dire, c’est en tête à tête. »
En conférence de presse d’après-match, quelques heures plus tard, l’entraîneur a balayé d’un cinglant « Non » la question d’un éventuel entretien avec la direction dès l’issue de la rencontre. « Il y a bien un mec qui a choisi Vieira et des gens qui le laissent entraîneur, se questionne Hugo. Le problème, c’est qu’à Nice, on a un président sécuritaire, qui se protège plus ou moins. Si on avait un Jean-Michel Aulas, Vieira ne serait plus là depuis un bon moment. Rivère ne veut pas faire de vagues et le virer maintenant serait lui pourrir sa carrière d’entraîneur. De toute façon, pour moi, Vieira n’est pas un mauvais entraîneur, ce n’est pas un entraineur tout court. On lui paie son poste et sa formation de coach, et ça nous coûte cher en plus. »
Contactés afin de connaitre leur position concernant l’entraineur, qu’ils ont toujours soutenu jusqu’ici, Jean-Pierre Rivère et Julien Fournier, le directeur sportif, n’ont pas voulu répondre aux sollicitations des médias ce lundi. « C’est intolérable. Ça fait trois ans qu’on nous vend des saisons de transition. L’année prochaine, ça va encore être une saison de transition si on change d’entraineur, celle d’après aussi, on n’en peut plus. Il y a beaucoup de choses à changer… J’espère qu’INEOS mettra un gros coup de pied dans la fourmilière car rien ne va plus à l’OGC Nice », termine Benjamin, en colère. Reste à savoir si la direction, loin d’être réputée pour limoger ses entraineurs même dans les périodes difficiles, prendra une décision concernant le sort de Patrick Vieira, à quelques mois de la fin de son contrat.
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