L’Argentine pleure une idole. Le monde du football pleure un génie. Diego Armando Maradona, ancien attaquant star du Barça, de Naples et de l’Albiceleste, considéré par beaucoup comme le meilleur joueur de l’histoire, s’est éteint ce mercredi à l’âge de 60 ans. « El Pibe de Oro », le gamin en or, est mort des suites d’un arrêt cardiorespiratoire dans sa maison de San Andrés, et laisse derrière lui des millions de fans, orphelins de son talent et de sa gouaille.

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Elevé à Villa Fiorito, adulé à Naples

Maradona a développé les deux au début des années 60, dans les ruelles de Villa Fiorito. C’est dans ce bidonville de la banlieue sud de Buenos Aires que l’Argentin a grandi, au sein d’une famille relativement modeste. Et c’est évidemment là qu’il a tapé ses premiers ballons durant l’enfance, avant d’être repéré par le club d’Argentinos Juniors à l’âge de 10 ans. Très vite considéré comme un phénomène et observé par les médias, il débute chez les professionnels avant ses 16 ans, et honore sa première sélection quelques mois plus tard, en février 1977. 

Cinq ans après, le géant d’1,65m, qui porte alors le maillot de Boca Juniors, traverse l’Atlantique et s’en va à la conquête de l’Europe. A Barcelone d’abord (1982-1984), où son aventure est marquée par une fracture de la cheville et une longue suspension, puis à Naples (1984-1991), où il devient pour la population locale un demi-dieu, avant d’amorcer un long déclin. Champion d’Argentine avec Boca Juniors (1981), deux fois champion d’Italie (1987, 1990) et vainqueur de la Coupe de l’UEFA (1989) avec le Napoli, c’est aussi, surtout, avec son équipe nationale qu’il a forgé sa légende.

Maradona à son arrivée à Naples Icon – Maradona à son arrivée à Naples

Le Mondial 1986, son chef d’oeuvre

A douze ans, Maradona avait confié avoir « deux rêves »: disputer une Coupe du monde, et la gagner. Il y parviendra en 1986. Lors du Mondial mexicain, l’insaisissable dribbleur marque cinq buts, et assomme à lui seul l’Angleterre en quart de finale. D’abord d’une main, restée dans l’histoire comme la « main de Dieu », puis d’un exceptionnel slalom entre les joueurs adverses. Avec ses camarades Burruchaga et Valdano, il sortira ensuite la Belgique en demie, puis l’Allemagne en finale, pour soulever le trophée tant convoité.

Auteur de 34 réalisations en 91 sélections, Maradona a aussi disputé le Mondial 1982, raté, et l’édition 1990, au cours de laquelle il conduit les siens jusqu’en finale, avant de s’incliner contre l’Allemagne de l’Ouest, le tout sous les sifflets du peuple italien.

Diego Maradona et la "main de Dieu" Icon – Diego Maradona et la « main de Dieu »

Drogue et scandales à répétition

Mais impossible d’évoquer la vie de Maradona sans parler, non plus, de ses excès. Auteur de coups de sang, de coups de poings aussi, sur la pelouse, « D10S » s’est lentement perdu à Naples, entre son goût prononcé pour les femmes, pour l’alcool et la drogue (depuis sa période barcelonaise), et ses mauvaises fréquentations. Une période très bien documentée dans un récent documentaire du Britannique Asif Kapadia.

Le 26 avril 1991, un cliché illustre son mal-être. Hirsute, bouffi, mal rasé, l’oeil éteint, Maradona sort de son domicile de Buenos Aires entouré de deux policiers venus l’arrêter pour détention et consommation de cocaïne. C’est le début de la déchéance, des déclarations tapageuses, des outrances de tous ordres, des retours au premier plan soigneusement orchestrés par un entourage de requins. Les cures de désintoxication vont désormais alterner avec les rechutes.

Des hospitalisations en série depuis quelques années

Maradona a payé cher une célébrité qu’il n’a jamais su gérer. Sali par les scandales, sous le coup d’une suspension de deux ans pour un nouveau contrôle positif en 1994, il quitte officiellement le monde du football, à 37 ans, le jour de son anniversaire. Mais il ne remonte pas la pente. Loin des stades, la chute va s’accélérer. En 2000, il est hospitalisé à Punta del Este, célèbre station balnéaire d’Uruguay, pour une crise cardiaque liée à la drogue. Il s’en sort et part à Cuba en cure de désintoxication. Quatre ans d’allers et retours entre l’Argentine et sa seconde patrie (il a été proche de Fidel Castro) ne réussiront pas à le guérir durablement de sa dépendance à la cocaïne. En 2004, il frôle la mort après un accident cardiovasculaire à l’issue duquel il repart à La Havane.

Diego Maradona AFP – Diego Maradona

L’année suivante, il subit à Bogota une opération chirurgicale destinée à réduire la capacité d’absorption de son estomac pour lutter contre l’obésité, ce qui lui permet de perdre près de 50 kilos. L’Argentine veut à nouveau y croire. Fin 2005, charmeur et en forme, il bat des records d’audience avec son émission télévisée « La nuit du 10 » où il invite notamment son grand rival Pelé. Pourtant, Diego se remet à boire, grossit, fume et rechute dans une crise hépathique qui le ramène à l’hôpital en 2007.

Une fois encore, il s’en sort et reprend du service. Nommé sélectionneur de l’équipe d’Argentine en 2008, il est écarté deux ans plus tard pour mauvais résultats. Par la suite, il entraînera deux clubs émiratis avant de s’engager en tant que président du club bélarusse du Dinamo Brest (D1) en 2018. La même année, il devient entraîneur des Dorados de Sinaloa (D2 mexicaine) avant d’en claquer la porte avec fracas huit mois plus tard à cause d’un pénalty non sifflé pour son club. Dernièrement, il était entraîneur du Gimnasia la Plata, où il semblait reprendre du plaisir. Quand son état physique le lui permettait.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/mort-de-diego-maradona-le-football-perd-une-icone-le-monde-une-rockstar-2010408.html

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