Qui a dit qu’on s’ennuyait en Ligue 1? Certainement pas les supporters du Stade Brestois. Devant leur télévision, huis clos oblige, ils ont vu ce samedi leur équipe donner une leçon de football à des Stéphanois (4-1) qui n’en finissent plus de s’enfoncer au classement. Deux semaines plus tôt, les Bretons avaient déjà marqué les esprits en faisant tomber le LOSC (3-2), jusqu’alors invaincu en championnat et qui restait sur une victoire de prestige sur le terrain de l’AC Milan (3-0) en Ligue Europa. Attention, il ne s’agit pas de dire ici que Brest est le nouveau rival du PSG pour le titre, ni même un candidat pour le podium. Du moins pas encore.
En attendant la fin de la onzième journée, c’est à la douzième place que les coéquipiers de Jean-Kevin Duverne se situent. Avec provisoirement sept points d’avance sur la zone rouge. Une avance aussi logique que méritée au vu du jeu qu’ils proposent depuis le début de la saison. Même après leurs deux défaites inaugurales à Nîmes (4-0) et contre Marseille (3-2), ils n’ont pas dévié de leur ligne de conduite.
L’audace est le maître mot de cette formation. Le plus souvent disposé dans un 4-4-2 adaptable en 3-1-5-1, le Stade Brestois d’Olivier Dall’Oglio est capable de proposer de longues séquences de possession en repartant proprement de derrière, d’aligner des dizaines de passes avant de piquer son adversaire, de faire preuve de patience sur attaque placée ou de se projeter rapidement vers l’avant en cherchant à exploiter au mieux les couloirs.
Une tactique osée, un recrutement malin
Les latéraux, à l’image de l’épatant Romain Perraud (trois buts, quatre passes décisives) n’hésitent pas à se positionner très haut, les milieux permutent sans cesse pour combiner et proposer des relais entre les lignes, et les attaquants axiaux sont de précieux points de fixation, notamment lorsque l’équipe est sous pression et a besoin de jouer long.
Brest prouve qu’il n’y a pas besoin d’être un « gros » du championnat pour oser sur le plan tactique. Les moyens sont limités avec un budget estimé à 40 millions d’euros cette saison. Il a aussi fallu se remettre du départ cet été à Southampton d’Ibrahima Diallo, l’une des révélations de la Ligue 1 la saison dernière. Mais Grégory Lorenzi, ancien joueur du club reconverti comme directeur sportif, a encore effectué un travail de l’ombre pour signer des recrues à moindre coût.
« Brest n’a pas les moyens d’acheter des joueurs chers donc on se rabat souvent sur des joueurs libres. Après, moi, j’adore regarder les joueurs dans les réserves pros car il y a un tas de bons éléments dans ces formations. J’aime observer aussi le National et la Ligue 2 car j’ai un principe: il faut être bon déjà sur notre territoire. Brest ne recrutera pas beaucoup en revanche en Angleterre, Allemagne, Italie ou Espagne car les meilleurs joueurs de ces championnats restent souvent dans leurs pays. On cherche plus à faire des coups moins onéreux dans des championnats moins médiatisés », expliquait-il en octobre dans un entretien à 20 Minutes.
Après un quart de championnat, les satisfactions sont déjà nombreuses, à commencer par Romain Faivre. Acheté moins de 400.000 euros à Monaco, le gaucher de 22 ans s’est tout de suite imposé en Bretagne par sa qualité de passes, sa faculté à faire la différence dans les petits espaces et son efficacité (trois buts, une passe décisive). Encore buteur ce samedi, Steve Mounié monte également en puissance, après trois années mitigées à Huddersfield. Même constat pour Franck Honorat, auteur de l’ouverture du score contre Saint-Etienne, le club qu’il a quitté cet été.
Tous ont assimilé les consignes de Dall’Oglio, resté fidèle à ses principes même quand son équipe a enchaîné trois défaites au mois d’octobre contre Nantes (3-1), Strasbourg (3-0) et le Stade Rennais (2-1).
Dall’Oglio n’a « pas envie d’ennuyer les autres »
« Il faut savoir prendre des risques. Mon staff m’a poussé, aussi, au moment où j’ai hésité, et je lui dois ça. On peut avoir des doutes, parfois, sur les comportements, le système, mais on est récompensé d’avoir insisté. Je pense qu’autre chose a joué dans la décision, c’est que nous sommes dans une période qui est difficile, un contexte général. Moi, personnellement, quand je regarde un match chez moi je n’ai pas envie de m’ennuyer, donc je n’ai pas envie d’ennuyer les autres. Il faut chercher à faire du spectacle, marquer des buts. On veut faire plaisir aux gens qui nous suivent », racontait Dall’Oglio, arrivé à Brest en mai 2019 en remplacement de Jean-Marc Furlan, après avoir dominé le LOSC. Et d’ajouter, en forme de leitmotiv : « On veut se maintenir, c’est l’objectif, mais on veut jouer, aussi. Et cette philosophie nous donne raison. »
La saison dernière, Brest avait atteint son principal objectif en terminant à la 14e place avec 34 points pris lors des 28 journées prises en compte par la LFP au moment de figer le classement. Les protégés de Dall’Oglio peuvent viser plus haut cette année. A condition de gommer certains défauts. Avec 23 buts encaissés, ils possèdent la plus mauvaise défense du championnat. Cela peut s’expliquer par les risques qu’ils prennent et qu’ils assument.
Mais une marge de progression existe et Gautier Larsonneur, fautif sur le seul but inscrit par l’ASSE, n’a pas encore retrouvé son meilleur niveau. L’un des rares bémols de cette équipe qui rappelle chaque semaine que la Ligue 1 peut offrir autre chose que des somnifères aux supporters.
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