Ce jeudi, la Fifa a annoncé son intention d’imposer un congé maternité à ses 211 pays membres. Une série de mesures sera proposée lors de son prochain conseil. L’objectif: protéger les footballeuses enceintes pendant leur grossesse et dans leur retour au haut niveau dès 2021. Un grand changement pour les joueuses.
« Nous voulons voir plus de femmes jouer au football et en même temps avoir une famille », a expliqué à plusieurs journalistes Sarai Bareman, responsable du football féminin au sein de l’instance mondiale, jeudi, lors d’une conférence téléphonique.
Une petite révolution pour les joueuses
Dans le football féminin, maternité et haut niveau ne vont pas vraiment de pair. Une carrière reste souvent synonyme de report de maternité. La faute à une absence de dispositif légal clair en France. Les clubs engagés au niveau international devront proposer un congé maternité « d’au moins 14 semaines, dont huit après la naissance », rémunéré « au minimum les deux tiers du salaire contractuel » de la joueuse.
Pendant cette période, le recrutement d’un joker médical sera possible. Après le congés, la joueuse devra être réintégrée par son club avec « soutien médical et physique approprié ».
L’allaitement sera également possible. En résumé, une petite révolution pour la discipline. L’année dernière, l’actuelle capitaine de l’équipe de France, Amandine Henry, avait confié ne pas voir son avenir sans enfant mais aussi la difficulté de s’arrêter pendant un an. Cette annonce de mesures peut offrir des garanties selon Charlotte Fernandes, joueuse du FC Fleury 91, « parce qu’il faut souvent faire un choix entre sa vie de maman ou sa vie de footballeuse ». « Il y a toujours le risque que le club se sépare des joueuses enceintes. Avec cette nouvelle règle cela permettrait d’encadrer les grossesses. J’espère que ça donnera des envies à certaines », indique-t-elle.
Maman footballeuse, une exception en France
Elles sont très rares à avoir pris la décision d’assumer la maternité en pleine carrière. Charlotte Fernandes fait partie de ces exceptions. Elle est l’heureuse mère de deux garçons dont le plus âgé vient de fêter ses 7 ans. Une des rares joueuses de D1 à avoir donné naissance à deux enfants. « Lors de ma première grossesse je n’avais que vingt ans donc dans ma tête c’était clair: après ma grossesse j’allais revenir au foot ce que j’ai fait. J’ai accouché en novembre et en juin je reprenais déjà la préparation pour la saison suivante. » Charlotte finira finalement cette saison 2012-2013 enceinte de son deuxième garçon: « C’est un peu plus compliqué pour revenir au haut niveau. »
Elle décide alors de reprendre en D2 cette fois à Val d’Orge, loin de la pression du résultat. Un football plaisir au côté de sa petite sœur. Le club montera un an et demi après en première division. C’est à ce moment-là qu’elle décrochera son premier contrat qui lui permet de vivre de son sport, après ses deux grossesses. « Après mon deuxième garçon j’ai repris assez vite la compétition. Je jouais mon premier match trois mois après. » Après un travail de réathlétisation avec un préparateur physique, Charlotte reprend le chemin de la compétition. Un retour assez simple comparé à un retour de blessure: « On n’a pas de douleur, d’appréhension ou de compensation. Il faut juste se remettre au sport. »
Et puis passés les premiers mois un peu compliqués avec les nuits courtes, la joueuse du FC Fleury 91 se dit heureuse de pouvoir profiter au maximum de ses enfants: « Je les amène le matin à l’école avant de partir à l’entraînement et je suis là à 16h30 pour venir les chercher. J’ai du temps pour eux. » Ses coéquipières la jalousent d’ailleurs. Beaucoup auraient aimé recréer le même chemin, avoir des enfants puis se consacrer à leur carrière sportive.
La réflexion lancée dans l’Hexagone, le modèle américain en avance
« C’est une excellente nouvelle, c’est un premier pas vers l’accompagnement des joueuses dans leur maternité, pour savoir qu’elles sont protégées, qu’elles ont un statut pendant leur congés maternité », se réjouit Frédérique Jossinet, directrice du football féminin à la Fédération française de football, avant d’ajouter: « Cela va être une prise de conscience collective. Quand on est un club, ce n’est pas forcément la première chose à laquelle on pense. Les mentalités vont évoluer, la femme et le sport c’est un écosystème qui est en train d’évoluer à l’image de ces mesures annoncées par la Fifa. »
En France, un groupe de travail a été créé récemment à l’initiative du gouvernement pour travailler sur cette thématique « sportives de haut niveau et maternité ». Aux Etats-Unis, comme très souvent en ce qui concerne le football féminin, les joueuses internationales sous contrat avec la Fédération bénéficient d’un régime qui les protège en cas de maternité. Comme ce fut le cas pour l’attaquante star Alex Morgan ou encore Sydney Leroux qui ont donné naissance à leur enfant et ont repris le chemin des terrains quelques mois plus tard (4 mois après la naissance de sa fille, Morgan a signé à Tottenham). Reste à trancher la question des sponsors qui n’ont pas toujours été exemplaires avec les sportives de haut niveau devenues mère de famille.
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