Vendredi soir, 21h45 environ. Clément Turpin siffle la mi-temps au stade Louis-II, où se joue alors, à sens unique, une affiche de la 11e journée de Ligue 1. Monaco compte déjà deux buts de retard face au PSG, foudroyé par le talent de Kylian Mbappé, sans pitié pour le club qui l’a révélé (25e, 37e sp). Les Monégasques rentrent au vestiaire déçus, conscients du travail titanesque à accomplir en seconde période: jamais sous Thomas Tuchel, le PSG ne s’est incliné après avoir mené 2-0.
« Ce sont des êtres humains, comme nous ! »
Dans le vestiaire du club de la Principauté, une seule voix s’élève, celle de l’entraîneur, Niko Kovac. « On ne joue pas bien, ce n’est pas le visage de l’AS Monaco, ce n’est pas le visage que j’ai envie de voir » martèle-t-il à ses hommes: « Le vrai visage de Monaco, c’est celui montré sur les deux derniers matchs (victoires contre Bordeaux et à Nice). Il faut arrêter d’avoir peur, on les respecte trop, ce sont des êtres humains, comme nous ! Il n’y a que 2-0, tout est encore possible. Si on marque un but, on peut revenir. Si on joue plus vite, on peut réaliser quelque chose. »
Des mots puis des gestes. L’ex-entraîneur du Bayern Munich décide de remplacer Willem Geubbels par Cesc Fabregas et Fodé Ballo-Touré par Caio Henrique, coaching gagnant. L’Espagnol apporte de la sérénité au milieu et fait parler sa précision de passe sur quelques coups de patte dont il a le secret. Le Brésilien est intrépide sur son côté gauche, accumulant les montées et prenant régulièrement le dessus sur Colin Dagba.
Un bon coup de Volland
Dès les premières minutes de la seconde période, un centre de Caio pour Volland trouve le petit filet extérieur de Navas, premier avertissement avant la réduction de l’écart signée de l’attaquant allemand (52e). Moins d’un quart d’heure plus tard, Kevin Volland fait oublier l’absence de Wissam Ben Yedder en égalisant en bon renard des surfaces (65e). Quatrième but de la saison pour l’ex-attaquant de Leverkusen. Monaco est de retour dans la partie et va même prendre l’avantage à six minutes de la fin du temps réglementaire.
Intenable, Volland récupère un ballon dans les pieds de Diallo et provoque un penalty puis l’exclusion du défenseur parisien. Fabregas se charge de le tirer pour renverser la situation (84e). Après 12 matchs sans victoire face au PSG, toutes compétitions confondues, le club de la Principauté s’impose (3-2) et revient à quatre points du leader.
Fabregas « Man of the Match » de Fofana
Au coup de sifflet final, la joie est immense dans le camp monégasque. Sur le banc, on se lève comme un seul homme, les bras levés vers le ciel. Les hommes de Kovac se rassemblent au milieu du terrain, célèbrent à coup de jets d’eau puis se retournent pour applaudir la tribune d’honneur, où siège le Prince Albert II, visiblement très satisfait du spectacle.
Dans les couloirs de Louis-II, les joueurs de la Principauté se font entendre avant d’entrer tour à tour dans le vestiaire en tapant un peu partout. Les bouteilles d’eau voltigent, les rires et les chants s’entremêlent. Kevin Volland est le dernier à entrer dans le vestiaire après avoir répondu aux questions du diffuseur. Il est accueilli sous une ovation, se fait amicalement bousculer par le capitaine du soir Axel Disasi.
« C’est la première fois qu’ils se lâchent autant depuis le début de saison, il n’y a pas eu de retenue. Il y a eu des scènes de joie après Bordeaux et Nice mais celle-là, c’est la plus belle », avoue un proche du club. Une joie intense de quelques minutes qui soude un groupe. Les jeunes joueurs comme Youssouf Fofana et les plus expérimentés comme Cesc Fabregas communient ensemble. « Merci Fabregas ! Merci Fabregas ! Man of the match » s’exclame Youssouf Fofana, repris par Benoît Badiashile, avant que l’Espagnol réponde: « Non, c’est tous, pas moi, bien joué les gars ».
Kovac a calmé l’euphorie
L’euphorie est intense mais courte. Après trois ou quatre minutes, Niko Kovac reprend la parole, le calme se fait autour de lui: « Bravo les gars. Voilà de quoi on est capable, c’est le chemin à suivre, c’est comme ça que je veux vous voir et qu’on va y arriver. C’est une étape, il n’y a rien de fait, demain matin (samedi) je veux tous vous voir à l’entrainement ». Les joueurs ont deux jours de repos dimanche et mardi mais ce samedi matin, ils ont en effet pris le chemin de La Turbie. « On savoure mais il faut repartir de l’avant et continuer à progresser, a assuré l’entraîneur croate en conférence de presse d’après-match. Nous savons d’où nous venons, où nous sommes et où nous voulons aller. Comptez sur moi pour leur faire garder les pieds sur terre, on ne va pas s’emballer. »
S’il estime que cette victoire n’est pas grâce à lui, force est de constater que le coach monégasque a réussi son coup. « Niko arrive à trouver un équilibre dans son management de manière à ce que ses joueurs adhèrent, c’est une des clés de la méthode Kovac. Cette proximité, cette rigueur et cette exigence forment un bon équilibre et les joueurs le suivent, même les remplaçants. Il est juste envers le joueur et envers l’homme », explique un proche du club. Monaco semble définitivement lancé sur les bons rails. Les trois prochains matchs (réception de Nîmes puis déplacements à Lille et Marseille) seront l’occasion de confirmer que le club de la Principauté est redevenu un candidat dans la course pour la Ligue des champions.
https://rmcsport.bfmtv.com/football/monaco-psg-les-coulisses-d-une-victoire-princiere-2008624.html