Sébastien Haller, comment s’est passé ce premier rassemblement avec la Côte d’Ivoire?
Très enrichissant car cela a été une aventure humaine et footballistique différente de ce que j’ai connu ces dernières années. J’ai pu faire la connaissance de beaucoup de personnes et m’acclimater un peu au groupe, au pays, et aux conditions aussi qui sont loin d’être simples.
Quelles conditions avez-vous découvert en arrivant en Côte d’Ivoire?
Rien n’est simple, pas comme ce que j’ai pu connaître en Europe où tout est bien huilé, où tu n’as pas à réfléchir à des petites choses. Les voyages peuvent durer plus longtemps, avec des temps d’attente plus importants… Il y aussi les voyages en bus, sur des routes qui ne sont pas vraiment des routes… Le wifi à l’hôtel aussi, ça peut-être un peu compliqué. La météo, où il fait lourd. Les terrains… Ce sont plein de petites choses qui font un gros changement. Mais on s’y adapte assez simplement car je m’y attendais. Et j’ai surtout eu le groupe qui m’a bien aidé.
Vous étiez-vous préparé à ce changement?
Oui, j’en avais parlé avec le coach (Patrice Beaumellen) car je n’ai connu que l’Europe jusqu’à maintenant et je n’ai pas été très souvent en Côte d’Ivoire. Donc je connaissais les conditions, mais si j’ai accepté, c’est pour représenter la Côte d’Ivoire, donc je dois m’adapter aux conditions et pas l’inverse.
Comment s’est passé votre choix d’accepter l’appel de la Côte d’Ivoire?
J’ai toujours eu ça dans un coin de ma tête, comme je suis binational. Cela n’a pas été simple parce qu’il y a des interprétations différentes. J’avais envie de me sentir important dans la sélection où j’allais. J’ai pu discuter avec Patrice Beaumelle plusieurs fois, il m’a expliqué sa vision des choses. Cela m’a plu car j’ai senti un réel intérêt. J’attendais aussi d’être prêt mentalement. J’ai 26 ans, j’ai une certaine maturité et je peux faire des choix qui auraient été plus compliqués à 17 ou 18 ans quand une carrière débute à peine.
A quel moment vous vous êtes dit que votre choix était fait?
Quand j’ai vu le coach après le match d’Arsenal, juste avant le confinement, on a discuté. J’ai beaucoup réfléchi ensuite, j’en ai parlé à mes proches puis je me suis donné une deadline pour clarifier les choses. J’ai eu beaucoup d’appels de la part de dirigeants et de personnes en Côte d’Ivoire. Et quand on commence à trop y réfléchir, je pense que ça veut tout dire.
Comment la sélection a réussi à vous convaincre?
Rien de bien compliqué. Ils m’ont dit qu’ils avaient besoin d’un attaquant, que ça faisait plusieurs années qu’ils cherchaient à m’avoir dans l’équipe. C’est le sentiment de se sentir important. Je connaissais aussi quelques joueurs, ce qui n’était pas le cas à l’époque quand la sélection a fait ses premières approches. Ça facilite mon intégration.
Quelle a été la réaction de votre mère quand vous lui avez annoncé?
Elle a été surprise, mais elle a été très fière. Pour elle, ça représentait aussi beaucoup. Elle est née là-bas, elle a grandi là-bas. Depuis tout petit, j’ai mes oncles qui me disaient toujours de venir jouer en Côte d’Ivoire. Donc ça a été une fierté pour eux.
Que répondez-vous à ceux qui disent que vous avez choisi la Côte d’Ivoire car vous n’avez jamais été appelé en équipe de France?
Bien sûr que si j’étais allé en équipe de France à 22 ou 23 ans, je ne serais pas là aujourd’hui. Mais si j’ai pu choisir la Côte d’Ivoire aujourd’hui, c’est qu’il y a des raisons. J’avais envie de me sentir important pour cette sélection qui m’a tendu les bras assez tôt. Ce n’est pas un choix par défaut. Je ne voulais pas être figurant, je veux écrire une page de l’histoire. Je ne regrette pas du tout ce choix. Parce que même si je ne suis pas allé en équipe de France, rien ne m’obligeait à aller quand même en Côte d’Ivoire.
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