Comment parvenez-vous à travailler dans ce contexte si particulier, marqué par le Covid-19? 

Ce n’est pas facile, ni pour moi, ni pour personne. Cette situation limite la programmation des matchs au niveau mondial. Et on a aussi connu ses limites. Nous aurions déjà dû réaliser six, sept, matchs qui auraient été importants pour tirer un certain nombre de conclusions sur des joueurs, en vue de la CAN. On a une grande responsabilité par rapport à ça. L’exigence sera plus grande vis-à-vis du Cameroun. On se doit d’aller le plus loin possible, ce qui veut dire au moins la finale. 

La prochaine CAN se jouera en 2022, au Cameroun. Sentez-vous la pression monter? 

Nous savons ce que représente la sélection pour son peuple, qui vit intensément chaque moment des Lions Indomptables. Etant le pays organisateur, compte-tenu de son passé, de son palmarès, on sait l’obligation qu’on a: laisser notre peau sur le terrain.  

Quel bilan faites-vous de votre première année à la tête du Cameroun? 

Malgré les difficultés auxquelles nous avons dû faire face, notamment celles liées à cette pandémie et au manque de compétition qui s’en est suivi, je dirais que nous sommes sur le bon chemin. Nous construisons un très bon groupe, au niveau de la qualité de jeu et du caractère, en termes de solidarité, de compréhension des objectifs collectifs. Parce que c’est par là que tout commence. L’esprit d’équipe facilite le reste. Je sens aussi qu’il y a des situations qui sont moins bonnes. Et il faut les surpasser avec notre personnel administratif. Il y a encore des questions passées qui n’ont pas été oubliées par certains joueurs. On pense que le temps nous aidera à aller au-delà de tout ça. Nous devons tous – staff, personnel administratif – démontrer que nous voulons joindre nos forces. 

Votre nomination au poste de sélectionneur du Cameroun a surpris pas mal d’observateurs. Pensez-vous avoir été boosté par la « mode » des entraîneurs portugais? 

Je ne suis pas un entraîneur à la mode, j’ai déjà 28 ans de football (rires)! Si l’entraîneur portugais est un peu à la mode, c’est parce que depuis 10, 15 ans, beaucoup d’entre eux ont eu des succès en Europe. Et il y a la compétence et l’organisation. Et je ne dis pas ça parce que je suis portugais. Pour moi, ce n’est pas une question de nationalité: un entraîneur est compétent ou il ne l’est pas. On est dépassé que si on le veut. Aujourd’hui, on a un accès à l’information incroyable avec Internet, les réseaux sociaux, les échanges d’expérience, de méthodes… Je me vois à mi-chemin entre les entraîneurs de la nouvelle génération et ceux de l’ancienne. Il faut savoir prendre le meilleur du passé et de l’actualité. Ça vaut pour tout métier. Je sais que je n’ai pas le « know-how » en termes d’images de mon prédécesseur, Clarence Seedorf. Je n’ai pas été un joueur de top niveau, même si j’ai un passé de joueur qui est important. Ce qui m’a été dit quand j’ai été nommé sélectionneur du Cameroun, c’est qu’il y avait la volonté de changer cela. Ils étaient las de recruter des entraîneurs de renom dont le travail ne suivait pas toujours. Ils ont donc voulu miser sur un entraîneur plus « opérateur ». C’est ce qui m’a été dit. Je leur ai dit qu’avec moi, ils auraient du professionnalisme et de l’honnêteté. Je ne suis pas meilleur ni pire qu’un autre, j’ai mon expérience, comme entraîneur, comme joueur.  

Etes-vous étonné de voir Choupo-Moting signer au Bayern? 

D’abord j’ai été heureux de le voir signer au Bayern Munich. Ce qui m’a surpris, c’est que le PSG, qui l’avait dans son effectif, et alors qu’il avait été décisif pour atteindre la finale de la Ligue des champions, le laisse partir libre. Il doit y avoir une raison pour que le PSG ait pris cette décision. Mais s’il signe au Bayern, c’est que le Bayern estime qu’il peut faire partie de son équipe. Les personnes qui composent la structure du Bayern ne sont pas des débutants dans le football et s’ils ont pris cette décision, c’est qu’ils croient en lui. Ce que je sais aussi, c’est que Choupo-Moting n’a pas poursuivi à Paris parce que le club ne lui a proposé qu’un an de plus, alors que le Bayern lui en a proposé deux. En tout cas, c’est fantastique ce qui lui arrive. Je lui ai parlé et je ne l’ai pas convoqué lors du dernier rassemblement pour qu’il soit tranquille et puisse organiser sa vie.

Il est l’un de vos leaders? 

Il fait partie du noyau des piliers de la sélection. Ce groupe est important pour tenir le vestiaire, dans les rapports avec l’entraîneur.  

Il y a un joueur qui vous a impressionné depuis que vous entraînez le Cameroun? 

Je ne vais pas donner de nom mais on a un groupe de joueurs de 21-23 ans qui ont le potentiel pour devenir des joueurs de premier plan. Ils évoluent au sein d’équipes moyennes en Europe. Ils peuvent franchir un cap et ça ne dépendra que d’eux, de leur mentalité, de leur travail au quotidien… 

Vous pensez au Lensois Ganago? 

Il fait partie de ces joueurs. On le suit depuis l’année dernière. Il s’est blessé malheureusement mais on espère qu’il sera avec nous en novembre. 

Si on vous dit, Karl Toko Ekambi… 

Toko, il me rappelle un chasseur qui attend le lapin (rires). Il est très intelligent. Il cherche toujours des espaces libres et les erreurs de l’adversaire. Il attend l’erreur du défenseur, comme le chasseur attend que le lapin sorte. Il a cette créativité, ce talent qu’un entraîneur ne peut lui donner. 

https://rmcsport.bfmtv.com/football/cameroun-can-2022-choupo-moting-toko-ekambi-toni-conceicao-se-confie-1989073.html

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