Pierre Ferracci, comment s’est passé le départ du Paris FC de Sami Tlemcani qui, à 16 ans, a rejoint Chelsea ?

On ne voulait pas laisser partir Sami… On sentait qu’il avait une évolution à faire chez nous. Cette année, il aurait été titulaire en réserve, dans une National 3 parisienne qui est d’un très bon niveau. Et puis, il aurait pu prétendre à faire des bancs en Ligue 2. Anthony Maisonnial, notre gardien numéro 2, aspire à trouver du temps de jeu, donc il aurait été en concurrence avec Obed Nkambadio (né en 2003). Son environnement et lui-même ont fait le choix de partir. Après avoir essayé de le retenir, on a décidé de défendre les intérêts du club. On a négocié durement et on est fier de ce qu’on a pu faire. Entre la première proposition de Chelsea et notre première contre-proposition, le transfert final se situe plus proche de ce que nous demandions. C’est un message que l’on envoie car on sait que les clubs parlent entre eux.

C’était important pour vous que le club s’y retrouve financièrement ?

C’était la condition pour le voir partir. On a tout fait pour le retenir. Une fois cette étape passée, on a bien vu qu’on ne pouvait pas rivaliser. Quand un club propose 20.000 euros de salaire à 16 ans, pour des familles qui sont en difficulté… La suite, c’était de permettre au club de s’y retrouver et de ne pas lâcher. On l’a fait avec Fred Hebert (directeur sportif).

Le message, c’est que les clubs ne peuvent plus venir piller vos jeunes ?

Oui, tout à fait. C’est terminé le pillage systématique. Depuis 2018, nous avons l’agrément de notre centre de formation qui nous permet de sécuriser nos jeunes. Sami avait un contrat aspirant de deux ans encore. Auparavant, on ne pouvait pas donner de contrat professionnel avant 20 ans, ni d’ANS pour les très jeunes…  Cela change la donne.

Vous prenez aussi ce départ comme une mise en lumière de votre politique de formation ?

C’est un éclair sur ce que nous faisons depuis plusieurs années. On parle d’un départ, mais le signal avec le contrat professionnel de Jaouen Hadjam est aussi important. L’Olympiacos a tout fait, financièrement, pour le faire venir. Aujourd’hui, avec Jean-Marc Nobilo (directeur du centre de formation) et Mathieu Lacan (son adjoint), nous avons une politique économique et sportive où le centre de formation prend une place importante. C’est bénéfique pour le club et ça va permettre d’attirer d’autres gamins.

Vous n’avez quand même pas de regrets de voir partir un joueur à fort potentiel dès 16 ans ?

Bien sûr. Je voulais le garder. Sami est un garçon qui a énormément de qualités. Il serait parti à un moment ou un autre dans un grand club, dans sa carrière. Jean-Michel Aulas a dit un jour que les jeunes devaient rester le plus longtemps possible dans leur environnement. Je crois qu’il a raison. Mais il y a d’autres éléments qui entrent en compte.

Les clubs étrangers sont très agressifs sur les jeunes joueurs français, vous le comprenez ?

Non, ils feraient mieux de comprendre que le meilleur pour un jeune joueur, c’est de rester auprès des siens, de ses copains, dans son environnement. J’espère que Sami sera bien entouré à Chelsea, notamment par Christophe Lollichon (entraîneur des gardiens). Les grands clubs, je ne veux pas stigmatiser Chelsea, ne sont pas attentifs à ça malheureusement. L’intérêt des joueurs, c’est aussi de faire un ou deux ans supplémentaires dans leurs clubs formateurs pour se développer.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/pierre-ferracci-le-pillage-au-paris-fc-est-termine-1986937.html

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