Invité sur BFMTV ce samedi, le directeur général de la Ligue de Football Professionnel, Didier Quillot, a admis que l’arrêt de la Ligue 1 et de la Ligue 2, décrété mardi, pourrait provoquer « une difficulté pour les clubs français » si les quatre autres grands championnats, anglais, allemand, italien et espagnol, reprennent. Ils n’ont pas encore pris cette décision mais rien, pour le moment, ne semble indiquer qu’ils suivront la France.
Une alerte qu’a immédiatement soulignée Jean-Michel Aulas sur Twitter. Le président de l’Olympique Lyonnais a commenté cette décision en fustigeant la rapidité des instances, sans réfléchir aux conséquences et surtout aux effets économiques.
Des conséquences sur les revenus commerciaux
Car, et cela peut paraître évident, des championnats à l’arrêt, c’est autant de pertes cumulées pour les 40 clubs professionnels. Malgré les nombreux chômages partiels décidés et les aides publiques plafonnées accordées, malgré l’accord collectif trouvé avec l’UNFP visant à décaler le paiement des salaires, les charges restent lourdes.
Et aucune visibilité soutenue ne permettra de compenser ces coûts. En effet, le ministère des Sports a maintenu l’interdiction de tout entrainement collectif de plus de 10 personnes et a imposé des mesures de distanciation sociale strictes. Autrement dit, la reprise sportive et la réathlétisation seront impossibles au moins jusqu’en juin, voire après.
Alors qu’en Italie, les entraînements collectifs vont de nouveaux être autorisés, alors qu’en Allemagne, le championnat pourrait reprendre, alors qu’en Angleterre, les clubs ont annoncé avoir reçu le soutien du gouvernement pour le retour de la Premier League, en France on a tout arrêté.
Conséquence, les partenariats commerciaux et les revenus de sponsoring, liés à la visibilité et à la notoriété des équipes, pourraient être remis en cause. Selon une étude de l’UNFP, l’arrêt de la Ligue 1 provoquerait a minima une perte incompressible de 140 millions d’euros sur les seuls revenus commerciaux.
Que les matchs reprennent ou non, les effectifs ne pourront pas se réunir sur les terrains d’entrainement, ne pourront pas porter les tuniques et les maillots du club et afficher les sponsors à la télévision. Mais à l’étranger, cela pourrait être fait.
Championnat terminé, plus de droits TV
Ensuite, sans reprise, c’est une croix sur les droits TV, qu’il s’agisse des droits nationaux (768 millions d’euros) ou internationaux (80 millions d’euros). Le diffuseur Canal+ a déjà annoncé la rupture de son contrat, après l’arrêt de la saison, soit un manque à gagner de plus de 220 millions d’euros. Pour les clubs, en retranchant la taxe Buffet, la taxe de solidarité pour le football amateur et le versement de solidarité pour la Ligue 2, c’est 163 millions d’euros qui s’envolent.
Mais à l’étranger, les championnats n’ont pas encore été officiellement annulés et les droits TV continuent, pour l’instant, d’être versés.
Des joueurs à l’arrêt, ce sont des actifs qui baissent
Enfin, quid du niveau des joueurs évoluant en France et surtout de leur valorisation économique, s’ils ne peuvent plus s’entraîner collectivement jusqu’en juin, voire plus, pendant que la concurrence européenne reprend normalement et pourrait, potentiellement, finir la saison.
Cela signifierait des matchs pleins et complets joués par les joueurs évoluant à l’étranger et rien, aucun effort physique pour les Français en six mois. Quelle sera leurs valeurs lors du mercato estival, toujours maintenu ? Une étude du CIES avait estimé une perte moyenne de 28% de la valeur financière des effectifs européens, mais les clubs français risquent de se retrouver au sommet de cette hiérarchie.
En admettant que la part moyenne dédiée aux transferts sur le budget des clubs de Ligue 1 représente 25% du total, une dévaluation pourrait causer beaucoup de torts à leurs finances.
Alors grande question, pourquoi la décision d’arrêter n’a pas été traitée à échelle européenne, en concertation avec tous les championnats ? Car, si nous sommes les seuls sur le continent, l’avenir risque d’être dur.
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