Les négociations avec le gouvernement pour obtenir une exonération de charges patronales ne se sont pas tout à fait déroulées comme prévu d’un bout à l’autre, même si le résultat escompté est à la hauteur des attentes des clubs. Mais ce dernier épisode en date montre à quel point le football français fonctionne parfois à l’envers en ces temps de crise sanitaire.
Le groupe de travail de la Ligue de football professionnel (LFP) sur le dialogue social, emmené par Jean-Pierre Caillot, a été mandaté par le bureau de la LFP pour négocier une exonération des charges sociales sur les salaires, dont une partie du solde sera reportée et payée ultérieurement lorsque la situation s’améliorera.
Une fois la demande officielle formulée auprès du ministère des Sports, les équipes de Roxana Maracineanu ont rapidement validé le principe avec Bercy, sans rencontrer la moindre difficulté.
Mais le cabinet de la ministre des Sports était un peu inquiet de l’effet médiatique d’un tel « cadeau » offert au monde du football professionnel. Le ministère a donc demandé au groupe de travail s’il était possible de réfléchir à une sorte de contrepartie, laquelle pourrait être annoncée en même temps que l’accord, pour montrer que le monde du foot fait aussi des efforts.
Durant ces échanges, les présidents de clubs se sont appuyés sur Marie-Hélène Patry, simple salariée du syndicat Première ligue, qui ne siège pas au bureau de la Ligue et s’est chargée de rédiger les comptes-rendus des réunions de travail. Dans les compositions du groupe de travail qui figurent en haut de chaque compte-rendu, elle figure d’ailleurs parmi les participants.
« Dis-moi que je rêve ! »
Mais son rôle a très vite pris une plus grande importance. Marie-Hélène Patry a notamment obtenu un entretien avec Jean-Philippe Rey, le conseiller budgétaire et économie du sport de Roxana Maracineanu, pour parler du fond des négociations et participer pleinement à ces dernières.
Dimanche soir, comme révélé par L’Equipe ce mardi, le mail du ministère annonçant la bonne nouvelle a été envoyé à Patry avec Caillot en copie. Le président du Stade de Reims transfère ensuite le résultat de l’accord sur les exonérations aux autres présidents du groupe, ainsi qu’à Didier Quillot et Nathalie Boy de la Tour. Ce mail est en fait le dernier d’une suite de mails dont prennent connaissances les deux dirigeants de la Ligue.
Et sur l’un des mails envoyés précédemment, ils lisent tous deux que Marie-Hélène Patry, en évoquant les contreparties proposées à l’Etat, parle d’une baisse de salaire de 30% les concernant, alors qu’à aucun moment ils n’ont été associés aux discussions. En lisant ces lignes, le sang de Didier Quillot ne fait qu’un tour. Il répond à Patry avec un mail incendiaire et conclut en écrivant: « Dis-moi que je rêve ! ».
Nathalie Boy de la Tour se dira aussi « consternée » par la méthode qui consiste à évoquer des mesures sans en avertir les principaux concernés. Les deux dirigeants, par solidarité, ont finalement accepté cette baisse de salaire de 30%, annoncée ce mardi matin par un communiqué de la LFP. Un communiqué dont les grandes lignes avaient été écrites avant validation par… Marie-Hélène Patry.
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