« Vous avez tout mon soutien pour mener à bien les négociations », assure-t-il. Mais sa position est ferme. Avant de prendre la parole dans l’Equipe pour réclamer l’arrêt définitif de la saison de Ligue 1 en raison des risques liés au coronavirus, Denis Le Saint, président de Brest, avait prévenu ses homologues de première et deuxième divisions.
RMC Sport a eu accès au mail envoyé par le dirigeant brestois, dans lequel il détaille sa pensée et rappelle à ses collègues le sens des priorités. « N’ayant pas l’habitude de m’exprimer souvent, je tiens malgré tout à vous faire partager le fond de ma pensée qui semble être partagée par certains d’entre vous, du moins pour l’essentiel », débute-t-il, avant d’établir sept points distincts.
« Pensez-vous que nos concitoyens aient la moindre envie de rentrer dans un stade fin mai alors que le risque est toujours présent? »
« 1- La santé est le facteur essentiel qui va conduire nos décisions à venir. C’est d’ailleurs la seule préoccupation des Français et Françaises aujourd’hui, insiste le président de Brest. Ils ont peur pour leur santé et celle de leurs proches! 2- Le football, qu’il considère comme un loisir, ne viendra qu’après, lorsque la maladie sera vaincue. Avant le football, leurs préoccupations vont aller à l’économique: leur travail, ceux de leurs enfants, de leurs proches et comment faire face aux fins de mois qui pour plusieurs sera difficile. 3- Pensez-vous un instant que nos concitoyens aient la moindre envie de rentrer dans un stade fin mai ou début juin alors que le risque est toujours présent! Il nous reste dix journées de championnat et nos joueurs ne reprendront que lorsque tout aura été sécurisé et il leur faudra trois semaines pour revenir en compétition. »
Denis Le Saint développe ensuite l’impact que pourrait avoir une reprise – qu’il juge bien trop hâtive – de la Ligue 1, pour les clubs et le championnat de manière générale.
Pas de huis clos et des risques pour l’image du foot
« 4- L’image du football, trop souvent liée au monde de l’argent, serait ternie et deviendrait catastrophique si nous voulions à tout prix reprendre la compétition alors que le monde médical joue un match extrêmement compliqué pour sauver nos vies au risque de perdre la leur!, rappelle-t-il La responsabilité de nos politique ne le permettra pas car ils sont responsables de notre santé à tous. 5- Pour moi, l’année sportive est terminée (idem en Belgique). Il est hors de question que j’amène mon équipe à jouer à Paris en mai, juin ou juillet prochains, dans le plus grand foyer de contamination de France. Ce serait irresponsable de ma part et j’ai trop de respect pour mes joueurs et mon staff. 6- Il y a un temps pour tout, celui du football est historiquement calé de septembre à mai et il n’y a pas que cela dans la vie (surtout aujourd’hui avec les nouvelles mentalités). Ne gâchons pas l’avenir du football en termes d’image car nous le payerions très cher en termes de retour de spectateurs, d’abonnements et de partenaires. »
Avant de trancher un dernier point: le huis clos n’aurait selon lui que des effets néfastes. « 7- De grâce, oublions les matchs à huis clos qui ne font rêver personne, car les stades vides éloignent le public de notre sport! Quant à l’aspect budgétaire défendu par certains présidents de clubs, je leur dirais simplement qu’il faut revenir à des standards cohérents, que nous ne devons pas nous enflammer et que la raison doit l’emporter », conclut Denis Le Saint. Le débat risque de durer.
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