Le conseil d’administration de la Pro League belge joue les pionniers. Jeudi soir, il a préconisé « à l’unanimité qu’il n’était pas souhaitable, quel que soit le scénario envisagé, de poursuivre la compétition après le 30 juin » en raison de l’épidémie de coronavirus. A une journée du but, fin du feuilleton. Pas de play-offs pour le titre, ni pour la descente et la montée. La Ligue rêvait encore d’aller au bout de la Pro League avec des spectateurs mais les recommandations des autorités sanitaires l’ont renvoyé à la décision la plus extrême et sûrement la plus sage. Les hautes autorités du plat pays estiment qu’aucun match ne peut se tenir en public d’ici le 30 juin.
« La logique est celle que le classement prime »
Alors que tous les championnats du continent sont à l’arrêt (sauf la Biélorussie), la Belgique prend les devants. « Cette décision du conseil d’administration de la Pro League a le mérite de tenter de clarifier la situation et de réduire le flot d’incertitudes que nous vivons au sein des clubs », relativise Charleroi via un communiqué sur son site internet. Le 15 avril, les 24 clubs professionnels belges, réunis en assemblée générale, doivent adopter cette proposition à 80% pour l’entériner. En attendant cette date fatidique du 15 avril, un groupe de travail va réfléchir à toutes les questions qui découlent de cet arrêt prématuré de la Pro League.
« La logique mise en avant est celle que le classement prime », a avancé au quotidien Le Soir Peter Croonen, le président du Racing club de Genk et membre de ce groupe de travail. La question de l’attribution des places européennes se pose. Le vainqueur de la Coupe de Belgique est qualifié pour la Ligue Europa mais la date de la finale entre le Club Bruges et Anvers n’est pas fixée. Si Bruges gagne, cela attribuerait une place supplémentaire via le championnat puisque Bruges irait alors en Ligue des champions. Sinon c’est Anvers qui la jouerait en cas de victoire.
La Belgique n’entend pas céder devant l’UEFA
Le sportif mais aussi le terrain financier seront explorés par cette commission comme l’épineux problème des droits télés. Telenet, Proximus et Voo, diffuseurs pour 82,5 millions d’euros annuels vont s’asseoir sur une journée de championnat et les fameux play-offs. Selon le Het Nieuwsblad, Telenet demande déjà un remboursement. C’est une situation épineuse à élaguer d’autant que les fourches de l’UEFA sont menaçantes. Jeudi, dans un courrier, l’UEFA a déconseillé de suivre l’exemple belge rappelant « que toute décision d’abandonner les compétitions nationales à ce stade est prématurée et injustifiée ».
Entre les lignes, l’instance européenne rappelle qu’elle pourrait punir de Coupe d’Europe les clubs issus des championnat qui ne sont pas allés à leur terme. Le bras de fer entre l’UEFA et la Belgique s’est poursuivi ce vendredi matin. La Belgique campe sur sa position. Dans un communiqué, la fédération royale n’entend pas ployer sous le joug européen: « Cette réunion constructive a permis aux dirigeants du football belge d’expliquer dans le détail les motifs sanitaires et économiques de la recommandation émise hier par le Conseil d’administration et de contester toute approche qui consisterait à contraindre une ligue à poursuivre sa compétition dans l’état actuel de la crise sanitaire sous peine de ne plus pouvoir participer aux compétitions européennes de la saison prochaine. »
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