Un sevrage forcé. Depuis le mois dernier et la mise en sommeil des compétitions en raison de l’épidémie de coronavirus, les fans de sport sont confrontés à une diète inattendue. Plus de Ligue des champions, plus de Premier League, plus de Ligue 1, plus de NBA, plus de cyclisme, plus de tennis. Toutes les disciplines sont à l’arrêt. Enfin, presque. En Europe, un pays de neuf millions et demi d’habitants, situé entre la Pologne, l’Ukraine et la Russie, continue de faire de la résistance. Comme si de rien n’était, la Biélorussie se refuse à mettre en place des mesures de confinement pour faire face au Covid-19.
Le championnat biélorusse, une exception en Europe
Dans cette ancienne république soviétique, aller au restaurant ou dans un centre commercial est toujours possible. Pour Alexandre Loukachenko, président depuis 1994 et souvent présenté comme « le dernier dictateur d’Europe », la crise du coronavirus relève tout simplement de la « psychose » et « mieux vaut mourir dignement que vivre à genoux ». Rien de surprenant donc à voir le championnat biélorusse se poursuivre tranquillement alors que tous ses voisins ont fermé boutique. Pour certains, quand les parties sur Fifa ou les rediffusions de matchs historiques ne suffisent plus, mater des matchs de la Vysshaya Liga sur des sites de streaming inondés de publicités et à la qualité d’image plus que douteuse est même devenu l’un des rares moyens d’étancher sa soif de ballon rond.
« Le monde entier regarde maintenant la ligue biélorusse. Tout le monde devrait allumer la télévision et nous regarder. Peut-être que Lionel Messi et Cristiano Ronaldo pourraient venir dans le championnat biélorusse pour continuer à jouer. C’est le seul endroit en Europe où vous pouvez jouer au football. Au moins, le peuple biélorusse sera heureux », ironisait fin mars Alexander Hleb, ancien milieu de terrain d’Arsenal et du FC Barcelone, dans les colonnes du Sun, agacé de voir son pays ne pas prendre conscience de la situation actuelle.
Une oasis pour les parieurs
« Au Bélarus, c’est comme si personne ne s’en souciait. C’est incroyable », déplorait-il. Seule mesures instaurée pour le championnat: les stewards, désormais gantés et masqués, examinent avec des caméras thermiques la température des supporters à l’entrée des stades, comme le rapporte l’AFP. En attendant une éventuelle prise de conscience plus vive, le maintien de la Vysshaya Liga fait le bonheur des parieurs les plus accrocs. Pour ceux qui tiennent vraiment à jouer quelques deniers, les championnats biélorusses de football et de hockey-sur-glace font figure de lots de consolation.
Comme expliqué par RMC Sport, chaque match de la Vysshaya Liga entraîne d’habitude quelques milliers d’euros de paris en France. Ces mêmes rencontres génèrent aujourd’hui environ 200.000 euros, l’équivalent d’un match moyen de Ligue 1. Dimanche, les parieurs pourront notamment miser sur le choc de la troisième journée entre le FC Minsk et l’Energetik-BGU, qui compte dans ses rangs un milieu français, Jérémy Mawatu.
Le Nicaragua ne s’arrête pas non plus, le Tadjikistan va reprendre
« Le club nous a donné des consignes, comme par exemple de se laver les mains, de mettre du gel hydroalcoolique… Mais en Biélorussie, les gens n’en parlent pas beaucoup. Ils sont sereins. Ici, tout le monde est dehors, dans les magasins. Le bar à chicha est toujours ouvert, les magasins pour les courses ferment à 2h du matin », racontait-il il y a dix jours dans un entretien accordé à So Foot. La même sérénité semble animer le Tadjikistan, où la nouvelle saison de football doit démarrer ce week-end, et le Nicaragua, où les matchs de baseball et de football se jouent toujours.
La 14e journée du championnat de clôture verra ainsi ce week-end le Real Madriz (oui, avec un « z ») se rendre ainsi sur le terrain du leader, le Managua FC, alors que la Juventus Managua accueillera Diriangen. Si certains joueurs ont quitté le pays, comme l’attaquant mexicain José Gómez (Real Madriz), qui a expliqué ne pas vouloir « attraper le virus », la Liga Primera reste maintenue. Comme si, là encore, on voulait croire le football plus important que la santé, alors que la pandémie de coronavirus a déjà tué plus de 40.000 personnes à travers le monde.
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