Si la menace immédiate semble moins grande qu’en Italie, en Espagne ou en France, la Grèce a basculé elle aussi dans le confinement, décrété lundi dernier. Avant cette date, l’isolation était encouragée, mais de manière volontaire. Il faut dire que le pays est dans l’immédiat moins touché par le coronavirus, même si l’ambassade de France sur place avance le nombre de 960 cas et 28 décès. 

Joueur de l’Aris Salonique, sixième du championnat grec avec lequel il réalise un bon début de saison, Lindsay Rose raconte à RMC Sport les mesures mises en place par la Grèce, qui relèvent de l’anticipation et de la précaution. Mais aussi ses méthodes d’entraînement, à la maison… et au club, suivant des conditions bien définies. Une situation difficile pour l’ancien Lavallois, qui n’est pas payé tant que le championnat ne reprend pas, mais dans laquelle il veut voir du positif.

Avant tout Lindsay Rose, comment allez-vous?

On a la chance d’être tous en bonne santé. On est dans une ville où il y a un peu plus d’un million d’habitants et seulement 40 cas. On est vraiment épargnés. Les mesures ont été prises assez rapidement, il y avait moins d’une centaine de cas. Les magasins et restaurants ont commencé à fermer, on était dans un confinement mais pas obligatoire. On conseillait aux gens de rester chez eux. Le ministère a bien fait les choses. Cela a augmenté quand même et on a basculé dans le confinement obligatoire lundi. C’est plutôt une bonne chose pour tout le monde.

Selon vous, la Grèce avait quelques craintes par rapport à son système de santé?

Les infrastructures sont un peu… old school on va dire. Il y a beaucoup de cliniques privées mais si on doit dormir une nuit en clinique privée, c’est 500 euros. Tout le monde ne peut pas. Donc tout le monde prend des précautions pour éviter ça. 

Avez-vous, comme en France, le droit de sortir pour un petit footing ou des courses? 

Oui, on a les mêmes motifs qu’en France: les courses, sortir le chien, se promener un peu avec les enfants… même si en ce moment il pleut, donc ça permet de ne pas sortir (sourire). On est dans le même système qu’en France, avec un papier pour sortir. Mais on a un système pas mal: on peut sortir avec ce papier manuscrit ou imprimé. Mais on a aussi un système sur téléphone: on envoie un message sur un numéro, on indique le numéro de la ligne – par exemple pour aller faire des courses c’est la ligne 2 – on met notre nom, l’adresse et on peut sortir comme ça. La police est avertie que je sors et si je me fais arrêter dans la rue, ils peuvent retrouver facilement et me contrôler plus facilement aussi par rapport au temps de sortie. 

Le climat est-il pesant en Grèce?

Honnêtement ça va encore. On sent quand même que c’est pesant parce que le monde entier est touché, on en parle partout, dans tous les médias, le ministre parle toutes les deux ou trois heures. En plus en Grèce, les gens aiment sortir, aller en terrasse, aux marchés de bord de mer… aujourd’hui il n’y a plus personne. C’est une autre vie. 

Comment vivez-vous le confinement personnellement?

Il faut voir du positif, pas uniquement le négatif. C’est difficile de rester à la maison, de ne pouvoir rien faire, de ne pas pouvoir exercer sa passion, ne pas sortir avec les enfants pour aller au parc ou à la plage… C’est vraiment dur ais c’est pour éviter que la pandémie s’étende encore. Et on passe beaucoup plus de temps en famille, d’autant que ces derniers temps, j’étais tous les trois jours sur le terrain avec la Coupe. Je découvre des facettes de mes enfants, en m’occupant un peu du scolaire. Même si je m’en serais bien passé, c’est une expérience enrichissante. 

Comment cela se passe-t-il côté sport? 

J’ai une permission pour sortir une heure ou une heure et demie pour aller au centre d’entraînement. Mes plots sont déjà installés! Ce n’est pas obligatoire mais on a une heure pour sortir, aller faire les exercices, le travail athlétique et rentrer à la maison. Je peux me permettre d’y aller tous les deux jours. Les joueurs y vont un par un, maximum deux mais sans contact. Le reste c’est à la maison, j’essaie aussi de faire du circuit-training avec mes enfants et ma femme pour qu’on puisse tous s’entretenir dans la bonne humeur. Et comme je suis au cinquième étage, je fais tous les jours cinq aller-retours… ça brûle un peu les jambes (rire).

Vous étiez sur un bon début de saison: avez-vous peur de perdre le rythme?

C’est vrai que mon début de saison était plutôt pas mal: je n’ai loupé qu’un match et j’avais même battu le record de matchs consécutifs du club et de Grèce. Mais on peut dire que notre saison est quasi finie: il nous reste dix matchs, les playoffs, on a fait l’écart pour les places européennes, on a cette demi-finale de coupe… la saison régulière a été aboutie et les playoffs, c’était du bonus. J’avais envie d’enchaîner parce que j’étais très bien physiquement et mentalement. Mais je suis confiant pour la suite vu ce que je mets en place, pour être le plus performant possible et surtout éviter les blessures à la reprise.

Seriez-vous prêt à finir la saison à huis clos?

On est vraiment dans un stade avec une grosse ambiance, on a gagné des matchs grâce à ça cette année… Nous les joueurs, c’est sûr qu’on ne veut pas jouer à huis clos. Maintenant s’il faut finir la saison à huis clos pour que celle-ci se déroule de la meilleure des façons, on le fera. Mais le budget annuel du club est basé sur la billetterie. A guichets fermés, ce sont 25.000 spectateurs, on est entre 18.000 et 20.000 en moyenne. En plus les playoffs, ce ne sont que des gros matchs et le club allait vraiment faire du chiffre sur les playoffs. Le huis clos pourrait causer un gros problème financier pour le club, qui n’est déjà pas au mieux avec tout ce qu’il se passe.

Craignez-vous aussi que le mercato soit un peu bloqué voire carrément gelé?

Je suis en pourparlers avec différents clubs et c’est vrai qu’aujourd’hui, ça gèle un peu les discussions. Personne ne peut dire quand le championnat va reprendre, quand la nouvelle saison débutera, quand commencera le mercato, avec quel budget… Tout le monde est dans le flou mais il faut être patient.

Avez-vous des nouvelles de France ou de l’Ile Maurice (né à Rennes, il est international mauricien)? 

Par ma famille oui. Je sais qu’en France, c’est très pesant, il y a vraiment cette peur. J’ai l’impression qu’elle est plus grande qu’en Grèce. Je regarde aussi les informations françaises depuis quelques semaines et on ne relaie que des catastrophes, cela m’attriste un peu. Même si je vois des choses entre voisins. Quand ma famille m’en parle, il y a vraiment une inquiétude en France incroyable, même si ça reste civilisé. Concernant l’Ile Maurice, ils sont tous confinés, les supermarchés et pharmacies sont fermés, il faut une autorisation pour y aller, il y a beaucoup de débordements, les gens ne comprennent pas… c’est un peu plus délicat. 

Quelle est la première chose que vous avez envie de faire après le confinement? 

Ce serait je pense aller à la plage en famille, profiter d’une belle journée à l’extérieur, avec un pique-nique, des amis.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/entrainement-au-club-attestation-sur-telephone-lindsay-rose-raconte-le-confinement-en-grece-1883830.html

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