Avant d’aborder mardi contre Dortmund (21h, RMC Sport 1) la double confrontation la plus importante de sa saison, ce n’est évidemment pas un sujet sur lequel le PSG aime s’épancher. Mais il est là, dans tous les esprits, dans toutes les conférences de presse, aussi. Alors que Paris vient de prendre trois fois de suite la porte de la Ligue des champions dès les huitièmes de finale, en étant pourtant deux fois en très bonne posture après le match aller (Barcelone 2017, Manchester United 2019), RMC Sport est allé interroger le préparateur mental Thomas Sammut sur les éventuelles conséquences des échecs passés.
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« Je ne vois que des inconvénients pour les joueurs s’ils ont ces images-là en tête »
Le spécialiste, qui a collaboré avec l’OGC Nice ainsi que de nombreux nageurs, comme Florent Manaudou ou Camille Lacourt, estime qu’il n’est pas forcément juste de parler de « traumatisme » pour les joueurs parisiens. « Déjà je ne suis pas forcément d’accord avec ce terme, et ensuite pour l’intérêt des joueurs, ce n’est pas ce n’est pas nécessairement bon d’évoquer un traumatisme, parce qu’effectivement ça peut entrer dans leur tête, observe-t-il. […] Moi je n’en parlerais pas dans le vestiaire (à la place du staff, ndlr). Le passé appartient au passé, et revisionner ces images-là pourrait faire office d’ancrage. Je ne vois que des inconvénients pour les joueurs s’ils ont ces images en tête. Au contraire, il faut se projeter vers l’avenir. Tous les joueurs sont déjà au courant des performances passées… »
Mais alors que Leonardo, le directeur sportif du PSG, a récemment pointé la « négativité » des médias français à l’égard de son club, Sammut considère que les Parisiens, vu leur niveau, doivent être capables de gérer cet environnement particulier. « Tout cela peut créer un climat préjudiciable oui, ça peut rentrer dans la tête de certains joueurs comme je le disais, mais après il ne faut pas oublier que ce sont des joueurs de très haut niveau, des professionnels, et ça fait partie du système que d’entendre cela de la part des médias ou même des supporters, glisse le préparateur. Et le propre du sportif de haut niveau, c’est justement qu’il puisse faire face à cette adversité. Ça fait partie du sport moderne. C’est aux joueurs de s’adapter, et à leur coach, non aux médias. »
Un point de vue qui rejoint un peu celui de Thomas Tuchel, qui endosse la responsabilité de ce climat alternant entre enthousiasme et scepticisme. « On peut dire que c’est aussi de notre faute, parce que l’histoire du PSG est un peu comme ça, avec Barcelone ou Manchester, déclarait l’entraîneur allemand la semaine dernière. On ne peut peut-être pas attendre que tout le monde soit très positif… »
« Le vrai problème, c’est qu’il est difficile d’aborder un match retour après avoir remporté assez largement le match aller »
Pour Thomas Sammut, ce n’est de toute manière pas la peur de l’échec, ou le souvenir des désillusions passées, qui a fait tomber le PSG contre le Barça et les Red Devils. Mais quelque chose de bien plus précis: « J’ai une autre vision de ce que le PSG a pu subir ces trois dernières saisons, précise-t-il. Je sais d’expérience qu’il est difficile d’aborder un match retour après avoir remporté assez largement le match aller. Le vrai problème est plutôt là. Dans une telle situation, il est extrêmement compliqué d’aborder la deuxième rencontre parce qu’on ne sait plus comment se comporter. Est-ce qu’on doit attaquer? Est-ce qu’on doit défendre? Si un joueur de foot se trouve entre deux eaux, c’est là qu’il est le plus vulnérable. Et c’est ce qu’il s’est passé pour les joueurs du PSG. Alors qu’en face, les adversaires n’avaient eux qu’une idée en tête: attaquer, attaquer, attaquer. Ce qui crée une solidité individuelle et une solidarité au sein de l’équipe. »
Selon lui, c’est peut-être sur ce point-là que le PSG aurait besoin d’une préparation mentale. « C’est une question un peu délicate, parce que je ne connais pas le vestiaire, tempère-t-il. Mais ça ne serait pas étonnant, vu la qualité des joueurs, qu’à un moment donné, en huitième, en quart ou en demie, le PSG refasse un superbe match aller et gagne par plusieurs buts d’écarts. A ce moment-là, il faudrait se positionner sur la façon d’aborder le match retour. Dans le sport de haut niveau, on n’a pas beaucoup de références quand on gagne par 3-4 buts d’écart, donc il faut anticiper tous les scénarios possibles. Pour le reste il n’y a pas grand-chose à faire selon moi, ce sont des supers professionnels. »
Et si jamais le PSG venait à se tirer d’entrée une balle dans le pied? « Ce qu’il est important de faire sur des matchs à enjeux comme ça, c’est qu’à partir du moment où le joueur commet une erreur, il switche rapidement, conseille Sammut. Le cerveau a besoin de passer un certain temps à analyser le pourquoi de l’erreur, mais cela doit durer 10-15 secondes. Une fois qu’on a l’information, il faut passer à autre chose. Si on arrive à le faire rapidement, on repart de zéro et on peut se lâcher plus facilement. »
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