• Où en est le dossier des droits TV?

Incapable d’honorer ses engagements, alors qu’il devait diffuser la grande majorité des matchs de Ligue 1 et de Ligue 2 pendant quatre ans via sa chaîne Téléfoot, le groupe sino-espagnol Mediapro a rendu mi-décembre à la Ligue de football professionnel ses droits TV, en payant un dédommagement de 100 millions d’euros, avec en retour l’assurance d’échapper à des poursuites judiciaires.

Pour sortir de cette crise, la Ligue espérait rapidement revendre les droits de Mediapro à Canal+, via un accord de gré à gré. Sauf que la chaîne cryptée, par l’intermédiaire de son président Maxime Saada, a fait savoir qu’elle ne souhaite pas racheter en l’état les matchs de Mediapro, et qu’elle veut en plus rendre ses propres droits (elle diffuse deux rencontres par journée) pour procéder à un nouvel appel d’offres global, comme en 2018.

Dos au mur, la LFP a réuni jeudi dernier en urgence un conseil d’administration, qui a validé le principe d’un appel d’offres… qui ne concernerait que les lots de Mediapro, refusant de fait que Canal+ remette sur le marché ses droits, car ceux-ci ont d’abord été achetés par BeIN Sports avant d’être sous-licenciés. Ce nouvel appel d’offres portant donc sur huit matchs de L1 par journée et huit matchs de L2 – sauf changement – devrait être lancé cette semaine.

  • Pourquoi Mediapro continue à diffuser gratuitement les matchs?

En temps normal, entre le lancement, la période de réflexion laissée aux potentiels acheteurs, la transmission des offres, puis leur traitement, un appel d’offres de cette importance prend plusieurs mois. Compte tenu de la crise actuelle, la LFP veut accélérer la procédure. Mais dans le meilleur des cas, elle devrait tout de même durer environ trois semaines. Et pendant ce temps, il faut continuer à diffuser les matchs de Mediapro… Pour le public, déjà privé de stade, mais aussi pour les sponsors, qui payent pour une exposition.

L’accord passé en décembre prévoit que Mediapro continue la retransmission des matchs jusqu’au 31 janvier si besoin, sans payer de droits donc, mais en assurant les coûts de production et de diffusion. Une sorte de service minimum. Et si l’affaire n’est pas réglée au 31 janvier? Il se pourrait que Mediapro poursuive jusqu’à nouvel ordre. A moins que la Ligue ne fasse appel à un autre acteur.

  • Pourquoi TF1, M6 et France Télévisions ont proposé leur aide?

Comme indiqué par Le Figaro et Le Parisien en fin de semaine dernière, les groupes M6 et TF1, mais aussi France Télévisions, sont sortis du bois pour offrir leur aide à la LFP, et diffuser eux-mêmes, en clair, les rencontres du championnat de France de manière provisoire. « Nous pouvons mettre à votre disposition nos antennes pour la diffusion de tel ou tel match afin d’offrir de la visibilité à votre compétition et ses sponsors, éviter toute rupture de diffusion et assurer ainsi le lien social nécessaire autour de la diffusion de la Ligue 1 », a ainsi justifié dans un courrier Nicolas de Tavernost, le patron de M6.

La proposition est évidemment intéressée. Si jamais la LFP venait à accepter, TF1, M6 ou France TV pourraient s’offrir un beau coup de com’, et sans doute de jolies audiences, à moindre frais, puisqu’ils n’auraient qu’à assumer les coûts de production pour diffuser des rencontres évaluées à plusieurs millions d’euros.

  • La Ligue peut-elle dire oui à une diffusion en clair?

A l’heure du tout payant, ce scénario, même pour quelques semaines, ravirait sans doute le grand public. Mais pour la Ligue, il n’aurait pas grand intérêt, puisqu’elle ne gagnerait pas d’argent dans l’histoire – pas plus qu’avec Mediapro. D’autant que TF1 et M6 ont déjà fait savoir qu’ils ne se positionneront pas sur le nouvel appel d’offres, n’ayant pas « vocation » à acheter des droits TV sur plusieurs saisons. Quant à France Télévisions, difficile d’imaginer le groupe public proposer dans le contexte actuel plusieurs centaines de millions d’euros par an pour sauver le football français.

Une diffusion en clair de la Ligue 1 pourrait même être contre-productive dans les négociations entre la LFP et Canal+, qui a elle-même proposé une autre solution provisoire: la diffusion en pay-per-view, avec paiement au match de la part du téléspectateur. Si la chaîne cryptée a engagé un bras de fer, elle demeure toujours en bonne position pour remporter le futur appel d’offres. Les dirigeants du foot français ne voudront peut-être pas la vexer en « offrant » des matchs aux concurrents.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/tout-comprendre-qui-va-diffuser-le-foot-francais-jusqu-a-la-fin-de-la-crise-des-droits-tv-2029569.html

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