Le football a beau être un sport qui se joue à onze, et plus, les trophées individuels existent, et entrainent toujours leur lot de polémiques. Après la colère du clan Cristiano Ronaldo, qui n’a pas apprécié de voir Luka Modric être élu meilleur joueur de l’UEFA, c’est cette fois le prix The Best, décerné par la FIFA, qui crée le débat. Et particulièrement sur un point: l’absence de Français pour le titre de meilleur joueur de la saison 2017-2018.
Alors que Didier Deschamps et Zinedine Zidane sont parmi les trois finalistes dans la catégorie meilleur entraineur, et que Hugo Lloris apparait dans celle des gardiens, aucun joueur de champ tricolore n’a été retenu dans le glorieux trio final, composé de Luka Modric, Cristiano Ronaldo et Mohamed Salah.
Deschamps s’en est ému lundi en conférence de presse, avant que l’Atlético de Madrid ne monte au créneau pour défendre Antoine Griezmann. Avec un peu de recul, la chose n’est pourtant pas scandaleuse.
En Russie, la victoire d’un collectif
DD l’a suffisamment martelé en Russie: s’il avait quelques brillantes individualités sous la main, la force de l’équipe de France pendant la Coupe du monde résidait d’abord dans son collectif. Comment encenser des « travailleurs de l’ombre » comme Ngolo Kanté, ou des remplaçants exemplaires, à l’image d’Adil Rami, pour vouloir placer un joueur au-dessus des autres un mois et demi plus tard? C’est aussi le cas en club, où aucun Bleu n’est LA star n°1 de son équipe. Antoine Griezmann, par exemple, est très précieux à l’Atlético, mais il n’est qu’une pièce de la machine parfaitement huilée de Diego Simeone.
Des voix dispersées
D’ailleurs, est-il possible de classer les joueurs français même entre eux? Si Mbappé, Griezmann et Varane, présents parmi les 10 finalistes révélés en juillet, peuvent objectivement penser avoir accompli plus de choses que Modric, Ronaldo ou Salah, qui des trois s’est le plus illustré? Mbappé a ébloui le monde entier par son talent cet été, mais il n’a rien remporté à l’échelle continentale avec le PSG, tandis que Griezmann a soulevé la Ligue Europa avec l’Atlético, et Varane une troisième Ligue des champions de suite avec le Real Madrid. Mais le défenseur n’a pas marqué en finale, à la différence du Colchonero… Bref, un casse-tête, qui a probablement entraîné une dispersion des voix chez les votants. D’après le Parisien, c’est Mbappé qui serait le mieux classé, mais tous les Tricolores ont reçu des votes en nombre. Sauf que là où il y avait trois candidats français, il n’y avait qu’un seul Portugais, un seul Croate, et un seul Egyptien. Plus facile pour faire son choix.
La nature du vote
S’il n’est donc pas choquant de ne voir aucun joueur français parmi les trois finalistes de The Best, ce n’est pas non plus surprenant si l’on observe le système de vote, mêlant les voix des journalistes, des sélectionneurs et capitaines de sélections, ainsi que… du grand public. Il ne faut pas se voiler la face: l’équipe de France n’était pas l’équipe la plus populaire du Mondial, elle a même particulièrement agacé dans certaines contrées – adieu les votes belges – et les trois finalistes ont tous une carte particulière à jouer.
Ronaldo n’a peut-être pas réalisé une grande finale de C1, mais il a tout de même porté le Real en Europe cette saison, et demeure le footballeur le plus populaire au monde. Mohamed Salah bénéficie lui du soutien de tout un continent – il était le seul joueur africain nommé – après sa saison fantastique à Liverpool, et Modric incarne pour sa part le romantisme dans le football, technicien au coup de patte génial, et capitaine d’une petite nation capable de renverser des montagnes.
Et puis nos Français peuvent toujours se consoler: une distinction individuelle, c’est bien, mais une Coupe du monde, ce n’est pas mal non plus.
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