Quand le football s’invite au palais du Luxembourg. Lundi, tandis que Jean-Michel Aulas prenait sa plume pour écrire une lettre au Premier ministre et à la ministre des Sports, six sénateurs de droite ont eux déposé un amendement pour permettre une reprise de la saison 2019-2020, notamment en Ligue 1, si la situation sanitaire le permet.

Pointant du doigt la précipitation du gouvernement d’Edouard Philippe à acter la fin de la saison sportive dès le 28 avril dernier, les parlementaires considèrent que « cette décision devrait pouvoir être remise en question par les fédérations et les ligues qui le souhaitent, tout en reposant leur décision sur l’avis et les recommandations du comité de scientifiques spécialisés sur le Covid-19 ». En clair: que la L1 doit pouvoir reprendre, si les experts n’y voient pas d’inconvénient.

Une chance de passer au Sénat

Rapidement, de nombreux observateurs ont ironisé sur l’origine géographique des sénateurs dépositaires de l’amendement. Sur les six, quatre sont des élus LR du Rhône (François-Noël Buffet, Catherine Di Folco, Élisabeth Lamure, Michel Forissier) et un autre vient de l’Isère (Michel Savin), autrement dit de la grande région… lyonnaise. Seul Claude Kern (UDI, Bas-Rhin) sort du lot. « On ne va pas refaire éternellement des matchs pour que l’OL soit en Ligue des champions », a ainsi taclé la sénatrice marseillaise Samia Ghali (PS), indiquant qu’elle voterait contre. « Ne soyez pas mauvais joueurs. Il y a bien d’autres priorités », a-t-elle poursuivi.

L’amendement en question doit en tout cas être débattu à partir de ce mardi au Sénat. Peut-il passer? C’est là toute la question. Sur le papier, Les Républicains ont la majorité au palais du Luxembourg, et il est donc envisageable, probable même, qu’il soit approuvé. Dans ce cas-là, ce sera à l’Assemblée nationale de se pencher sur la question. Et c’est là où le bât blesse.

Beaucoup moins à l’Assemblée

Si la création il y a quelques jours d’un neuvième groupe parlementaire au palais Bourbon (et encore d’un dixième ce mardi matin) composé de « frondeurs » a fait perdre la majorité absolue à la République en marche, faire voter l’amendement semble tout de même très difficile. Si tous les élus de droite et quelques frondeurs LREM, à l’image du Lyonnais Hubert Julien-Laferrière (soutien d’Aulas), venaient à voter pour, il leur faudrait encore rallier beaucoup de monde, et de partis très différents, pour avoir gain de cause… Avec un « oui » du Sénat et un « non » l’Assemblée, une commission mixte devrait se positionner.

Et si jamais l’amendement passait aussi à l’Assemblée, cela ne signifierait pas une reprise des championnats pour autant. Les Ligues auraient cette possibilité, mais ce ne serait a priori pas une obligation. Or, dans un communiqué commun, ces dernières – dont la LFP – ont justement dénoncé l’amendement, « source d’une confusion qui déstabiliserait encore davantage les instances sportives ». Ce qui signifie clairement que l’instance présidée par Nathalie Boy de la Tour n’a aucunement l’intention de rétropédaler. Du moins à l’heure actuelle. La FFF aurait aussi son mot à dire, elle qui valide ou non les décisions de la LFP. De quoi rendre la reprise de la L1 encore utopique.

Reste enfin à voir ce que dira Edouard Philippe jeudi, car le Premier ministre pourrait bien parler de sport, et plus précisément de foot. Dans le cas d’un déconfinement avec une phase 2, il est possible qu’il n’autorise toujours pas de rassemblements sportifs de plus de X personnes, même avec l’amendement. Et là, il aurait le dernier mot.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/ligue-1-l-amendement-des-senateurs-peut-il-deboucher-sur-une-reprise-du-championnat-1920854.html

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