Présent ce mercredi dans les locaux de la Ligue de Paris Île-de-France, en pleine campagne pour la future élection présidentielle à la FFF, Noël Le Graët s’est exprimé sur de nombreux sujets d’actualité. L’actuel président de la 3F, candidat à sa propre succession, dresse un bilan positif de dernier mandat, perturbé par la crise sanitaire actuelle.

Vous avez fixé la date du 20 mars pour une décision définitive concernant une reprise éventuelle du football amateur, est-ce que vous y croyez encore?

Cela va être très difficile. Vous avez déjà quelques bruits du Ministère des sports, hier soir j’aurais répondu différemment de ce matin. Je crois qu’il sera extrêmement difficile de reprendre les compétitions puisqu’il semblerait qu’une circulaire nous demanderait de ne pas jouer au football pendant un mois.

« Je pense que le ministère va demander à ce qu’on arrête le football »

Cette décision sera donc définitive le 20 mars?

Cette date sera dépassée par la décision ministérielle à première vue. Je n’ai pas encore vu le texte, j’ai eu le ministère au téléphone. De par le virus qui se développe énormément dans la région parisienne et dans certains départements, je pense que le ministère va demander à ce qu’on arrête le football.

Vous étiez confiant jusqu’ici concernant la survie du football amateur, est-ce que ces décisions remettent en doute votre confiance?

Non parce que quand je vois tous ces gens qui sont motivés… C’est dur pour tout le monde. Quand je vois le football professionnel avec ses 800 millions de pertes et le départ de Mediapro… C’est dur pour les entreprises, pour la vie de chacun d’entre nous, notamment ceux qui ont eu des maladies dans leur famille. Le football reprendra, dès qu’on laissera les clés ouvertes. Les bénévoles seront présents, ils sont imaginatifs.

Il semblerait que la précédente réunion dans le Nord a été tendue, comment ça s’est passé à Paris?

Je ne m’en rappelle pas pour le Nord. Il y a des gens qui discutent, on entend parfois une voix plus forte que d’autres. Il y a eu une conclusion commune: tout le monde ne partage pas nos idées, c’est normal, nous ne demandons pas ça mais de là à dire que c’était tendu, non, il y a eu de la correction.

Comment avez-vous perçu la réunion du jour?

C’était avec les clubs, donc c’était intéressant. Ils ont tous les mêmes problèmes, envie de jouer. Les joueurs les tannent un petit peu pour la reprise, nous n’avons pas de réponse précise. Je vous le disais: hier, je n’aurais pas donné la même réponse que ce matin. C’est extrêmement compliqué parce qu’on voit bien qu’il y a des grosses différences. Le football manque aux joueurs. Les enfants, c’est fantastique quand vous allez les voir sur les terrains, ils sont très heureux et les dirigeants aussi.

« Beaucoup de pays seraient heureux d’avoir Didier Deschamps »

Dans une récente interview, vous avez parlé de Didier Deschamps en expliquant que chacun organise son pôle. Le candidat Michel Moulin voyait en lui un salarié de la FFF…

Je ne fais pas de commentaire sur des déclarations de mes concurrents. Ils sont plein de bonne volonté, je n’ai pas envie de réagir dessus.

Vous n’avez pas envie de changer de modèle avec Didier Deschamps?

Je pense que beaucoup de pays du monde seraient heureux d’avoir Didier Deschamps. Je rappelle quand même que la France a été championne du monde il n’y a pas si longtemps…

Est-ce que vous avez des nouvelles concernant le public pour France-Ukraine?

Il n’y aura pas de spectateur malheureusement. Vous vous doutez bien qu’on souhaitait faire autrement. Les spectateurs sont absents depuis début novembre. Faîtes des petits calculs sur des pertes éventuelles. Les professionnels nous aident beaucoup aussi, donc le contrat de Mediapro nous pénalise aussi. Donc pour la Fédération, on resserre un peu le budget mais à ce niveau-là, nous sommes équipés pour tenir nos engagements.

Avez-vous déjà avancé à ce niveau-là sur la préparation de l’Euro et des matchs possibles?

L’Euro, on ne sait pas trop pour le moment. Les 12 villes devraient être conservées, sauf avis contraire de l’UEFA. En tout cas, l’UEFA garde les 12 villes sans la présence de spectateur dans sa position actuelle.

Avec les échéances à venir entre les élections ou l’Euro, cela fait un planning très chargé…

Oui, mais c’est la vie. Je ne peux pas changer les dates de l’Euro. C’est une passion pour moi aussi, sinon je ne serais pas là. Si c’était une corvée, je resterais à Guingamp parce que j’adore ma ville.

L’objectif reste le même pour l’Euro? Vous aviez évoqué le dernier carré il y a quelques mois…

Quand on arrive dans le dernier carré pour pays, quel qu’il soit, c’est déjà un succès. Après vous savez, un tir sur un poteau ou un penalty change complètement un match donc bien sûr qu’on veut gagner tout le temps. Mais le dernier carré, ça montre une solidité quand même du pays.

« Je crois que la France a été solidaire »

Sur vos dix ans de mandat à la tête de la FFF, quelle est votre plus belle réussite selon vous? Et à l’inverse, existe-t-il une erreur sur laquelle vous aimeriez revenir?

Les erreurs, ce sont aux autres de juger… Le reste, je pense qu’on a réussi à trouver un budget relativement important dans le football amateur. Notre organisation commerciale a été une bonne idée. Avant, on traitait avec une agence et on a internalisé. C’est un développement important. On a structuré les centres de formation ou de pré-formation. Je crois qu’on a bien travaillé, la preuve: je regrette que nos jeunes partent aussi vite. On l’a fait pour les garçons et les filles. C’est une réussite intéressante. Puis, il y a eu une stabilité avec Didier Deschamps. L’équipe de France Espoirs, cela fait longtemps qu’elle n’a pas été aux Jeux olympiques. Sylvain Ripoll travaille bien. L’organisation de la Coupe du monde féminine a été une réussite en dehors du match contre les Etats-Unis. Mais regardez depuis, l’équipe n’a pas perdu un match. On peut toujours critiquer mais sur le résultat sportif de toutes nos équipes, je crois qu’on se porte beaucoup mieux grâce à la formation qu’on a accentuée nettement.

Au niveau des Espoirs justement, quels sont les objectifs?

Déjà, pour la première fois, cette équipe est qualifiée pour les Jeux olympiques. Ce n’est pas si mal et ça me fait plaisir parce que ça fait depuis 1996 qu’on attendait ça. Cela montre que c’est un jeune entraîneur (Ripoll, NDLR) qui travaille bien, avec de très bons joueurs. Je préférerais que beaucoup soient dans nos clubs… Mais l’objectif, c’est de gagner nos matchs. Si on arrive à la fin, c’est bien, après c’est le destin d’un match.

Concernant l’équipe de France féminine, comment est la situation actuellement après les événements des dernières semaines?

Cela m’est égal, enfin ça ne l’est pas évidemment mais aucun match perdu n’a été perdu depuis les Etats-Unis. Elles peuvent se tirer les cheveux, ça m’est égal.

Lors de l’interruption du championnat la saison dernière, on vous a reproché d’avoir pris la parole tôt, est-ce que vous regrettez avec le recul?

Bien sûr que non, vous savez très bien que c’est le président de la République qui en a décidé ainsi. C’est l’Etat qui décide. Ce n’est pas moi qui décide cet après-midi si on arrête le football de Ligue 2 ou le championnat des féminines. On a appliqué les consignes. Si c’était à refaire, je ne vois pas de quel droit je pourrais dire au président qu’il se trompe. Je crois que la France, au contraire, a été solidaire. Et sans celle décision-là, je crois qu’il y aurait eu plus de dégâts.

Vous en parlez encore avec Jean-Michel Aulas ?

C’est mon ami. Il a tout voté, après il défend son club. Il y a deux Aulas: l’un qui est formidable à la Fédération, et l’autre qui défend son club.

Avez-vous été étonné du résultat des dernières élections de la LFP? Surtout quand on sait que Michel Denisot a été un représentant de la Fédération à la Ligue…

Non, pas du tout. Le nouveau président (Vincent Labrune, NDLR) est très bien. Il a pris les choses à bras le corps. Michel Denisot s’est retrouvé candidat malgré lui, sans vraiment le chercher. Il n’y a pas eu de campagne, pas comme à la FFF où je suis sur le terrain depuis quelques jours. Ce n’est pas du tout la même chose. J’ai vu 9 divisions sur 12. On est bien reçus partout, cela ne veut pas dire que tout le monde est d’accord avec nous. Ce serait trop beau mais il y a aussi de bonnes idées qu’on peut reprendre.

« Trouvez meilleur que Deschamps à son poste »

Si vous êtes réélu, cela sera pour 4 ans, est-ce qu’il y aura la possibilité de voir un autre sélectionneur que Didier Deschamps sous votre mandat?

La Coupe du monde au Qatar est dans un an et demi. Je pense que la réponse appartient aussi à Didier. Trouvez meilleur que lui à son poste, donnez-moi des noms et je vous regarde.

Zinédine Zidane?

Bien sûr, mais à condition que Didier dise « je veux prendre une année sabbatique ou aller dans un club ». Si Zidane est libre à ce moment-là, ça pourrait être un bon candidat. Mais je ne suis pas le seul à le dire.

Il y a un gros débat autour de la prolongation de Kylian Mbappé en ce moment. En tant que président de la FFF, on pense que vous souhaitez le voir rester dans le championnat de France?

Evidemment, j’ai même envie qu’il aille aux Jeux Olympiques. Vous voyez comme nous sommes exigeants. C’est un garçon qui progresse tellement, qui est sérieux, j’aimerais bien qu’il reste au PSG. C’est un peu l’idole de tous les jeunes aujourd’hui. Qu’il soit aux JO? Je n’en sais rien. En tout cas, lui quand on lui pose la question, il dit oui si c’est possible. Mais c’est difficile avec les matchs de l’équipe de France ou du PSG s’ils vont loin en Ligue des champions. Mais j’ai trouvé ça sympa qu’il dise ça.

Est-ce que vous pensez que le football français vit sa période la plus faste sur le plan international?

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Sur les résultats globaux, oui. On a gagné la Coupe du monde il y a deux ans, ce n’est pas si mal. On a l’impression qu’on ne s’en rappelle plus déjà. Nos jeunes sont qualifiés pour les JO, nos féminines qui ne perdent pas un match. Nos jeunes derrière sont toujours dans les quatre derniers.

GL avec LT

https://rmcsport.bfmtv.com/football/equipe-de-france/la-france-a-ete-solidaire-le-graet-defend-son-bilan-sur-la-crise-du-coronavirus_AN-202103030255.html

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