Le club San Martin de Progreso (Argentine), théâtre des premiers exploits d’Emiliano Sala, rend hommage ce samedi au footballeur argentin, fauché en pleine ascension, alors qu’il s’apprêtait à faire trembler les filets de la Premier League. Dans le gymnase du club, une chapelle ardente a été dressée pour accueillir la famille, les amis, les habitants de ce village de 3.000 habitants qui connaissaient tous « Emi » et les émissaires des clubs de Nantes et Cardiff.

L’hommage a débuté ce samedi avec l’entrée d’une dizaine de personnes, vers 7h30 heure locale (11h30, heure française). Et une banderole devant le siège du club: « Emi, tu ne marcheras jamais seul ». Le père, la mère, le frère, la soeur et les amis les plus proches d’Emiliano Sala étaient arrivés plus tôt. 

Le cercueil est recouvert de fleurs et d’un drapeau rouge et noir, les couleurs de San Martin. Derrière le cercueil, un grand poster du joueur avec le maillot du FC Nantes, un autre promet: « Ton héritage sera éternel ». Les clubs de la région et la Fédération argentine de football (AFA) ont envoyé des couronnes de fleurs.

« C’était notre idole »

Un petit avion privé qui transportait le joueur, âgé de 28 ans, entre les deux villes avait disparu au-dessus de la Manche le 21 janvier. Extirpé de l’épave, avant d’être identifié, son corps a été rapatrié en Argentine vendredi. La dépouille du pilote n’a toujours pas été retrouvée. « Les gens vont pouvoir se recueillir devant son cercueil, déposer une lettre, un dessin, des fleurs. Il représentait beaucoup pour nous, c’est un village ici, Emi était la célébrité, l’unique footballeur à réussir à devenir professionnel », a dit à l’AFP le président du club San Martin, Daniel Ribero. 

A Progreso, on se souvient d’Emi à bicyclette, de ses footings, de ses buts. Quand il marquait dans le championnat de France, le défi permanent était de dénicher une vidéo de l’action de but.  « On va lui donner les adieux qu’il mérite », promet le maire de Progreso, Julio Muller. « Emi, pour Progreso… Nous nous sentions tous Emiliano Sala ». « Sa carrière n’a pas été facile, rappelle le maire, il est parti de chez lui à 15 ans, il a dû surmonter de nombreux obstacles, et il y est arrivé. C’était notre idole ».

Rêve d’Argentine

Avec son groupe d’amis de Progreso, Emiliano vivait pour le football toute l’année. En été, ils campaient près d’un terrain de football dans la propriété d’un d’eux, et y jouaient le 31 décembre le dernier match de l’année. Quand ses amis ou sa mère lui rendaient visite en France, Il passait commande de « dulce de leche » (confiture de lait) et d’alfajores, pâtisseries typiques d’Argentine. 

Parti vers la France avant d’avoir joué un match de championnat d’Argentine, il confiait à ses amis qu’il rêvait de jouer pour un club argentin, pour sentir depuis le terrain la passion qui règne dans les stades. Diego Solis a les larmes aux yeux quand il écoute à nouveau les messages Whatsapp du footballeur, qu’il a entraîné lors de ses deux dernières années au club de Progreso.

« Pour son anniversaire, le 31 octobre, nous lui avons envoyé un message vocal avec mes filles, il nous a répondu qu’il offrirait des maillots de Nantes en échange d’un barbecue (à Progreso) ».  « Au-delà de son talent de footballeur, souligne-t-il, on se souviendra de ses qualités humaines, sa simplicité ». Il aurait préféré que les journalistes qui défilent à Progreso soient venus dans d’autres circonstances que la tragédie aérienne du 21 janvier. Par exemple une sélection en équipe d’Argentine, car à Progreso, tout le monde est convaincu qu’il avait sa place aux côtés de Messi et Di Maria, originaires eux aussi de la province de Santa Fe.

Travailler plus

Nicolas Silva, ancien compagnon d’attaque d’Emiliano Sala, regrette de ne pas pouvoir se rendre à Progreso. Joueur du club de Banfield, son entraîneur Hernan Crespo ne lui a pas donné de bon de sortie. « Pendant deux saisons, 2008 et 2009, nous avons été prêtés ensemble au club de Juventud Guadalupe par Proyecto Crecer, l’académie des Girondins de Bordeaux en Argentine. Nous habitions dans la même maison, avec d’autres jeunes footballeurs. C’était un crack. Il était au-dessus du lot ». 

« Nous nous entendions bien sur le terrain. Quand on terminait l’entrainement, on restait, je lui envoyait des centres et il travaillait son efficacité devant le but. Il disait toujours: si tu as du mal, entraîne-toi deux fois plus ». A des milliers de kilomètres de Progreso, le FC Nantes jouera dimanche à Monaco; les joueurs ont prévu deux séquences d’hommage, avant le match puis à la 9e minute, en souvenir du numéro qu’il portait sur le terrain.

Nicolas Pallois, défenseur central de Nantes, a lui été excusé par l’entraîneur Vahid Halilodzic pour cette rencontre de championnat. Avec le secrétaire général du FC Nantes, Loïc Morin, il sera à Progreso auprès de la famille Sala. Le directeur général de Cardiff Ken Choo et l’entraîneur des Blue Birds Neil Warnock, qui avaient fait signer l’Argentin moyennant une indemnité de transfert de 17 millions d’euros, seront également présents aux obsèques. Nantes et Cardiff sont en conflit car le club gallois n’a pas honoré le premier versement prévu dans le cadre du transfert.

L’hommage se terminera par une messe, donnée par le curé d’une paroisse voisine. Puis le corps sera incinéré. « Contre l’avis du père, et peut-être même d’Emi », confie du bout des lèvres un membre du club.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/emiliano-sala-dernier-adieu-dans-son-village-de-progreso-en-argentine-1634061.html

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